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L’enfer des prisonniers palestiniens

L’avocate générale militaire israélienne, Yifat Tomer-Yerushalmi a reconnu, dans sa lettre de démission, avoir transmis à une chaine d’information une vidéo montrant les graves sévices infligés par cinq soldats israéliens à un détenu palestinien, dans le centre de détention de Sde Teiman, décrit comme un centre de torture par l’ONG israélienne B’tselem.

L’armée israélienne dit avoir ouvert une enquête, non sur les auteurs des sévices, mais sur les origines de la fuite de la vidéo. Et, c’est l’ex-avocate générale qui a été emprisonnée, et fait l’objet d’un véritable lynchage médiatique orchestré par le ministre de la Défense d’extrême droite Israël Katz qui prétend qu’elle « aide les terroristes » et porte atteinte à la sécurité de l’État. L’ancien procureur militaire en chef, soupçonné d’avoir été impliqué dans la fuite, a lui aussi été arrêté.

Le tribunal a interdit la diffusion des noms des tortionnaires, qui sont apparus cagoulés à la télévision et ont tenu une conférence de presse pour se vanter d’être toujours libres. Quant au prisonnier victime des sévices, qui souffre de côtes fracturées, d’une perforation du poumon et du colon, il a été relâché dans le cadre des échanges avec le Hamas et renvoyé dans la bande de Gaza, sans même que son témoignage soit recueilli par la justice militaire.

Les faits dévoilés sur cette vidéo sont loin d’être exceptionnels. Les mauvais traitements, voire les actes de torture, sont courants dans les centres où sont toujours détenus 9250 Palestiniens, dont 350 mineurs. Parmi eux, 1242 seulement ont été jugés et condamnés. La plupart sont donc détenus sans jugement, sans pouvoir consulter un avocat, ni communiquer avec l’extérieur, puis parfois relâchés après plusieurs mois. Lorsqu’ils sont libérés, certains découvrent que toute leur famille a été tuée et que leurs maisons ont été détruites lors des bombardements. Et 85 détenus palestiniens sont morts dans les prisons israéliennes, depuis le 7 octobre 2023.

Dans les centres de détention, dont l’accès est interdit à la Croix-Rouge, les prisonniers sont soumis à des conditions de détention inhumaines et à une maltraitance sadique. Outre les coups et les injures incessantes, ils doivent subir la privation de sommeil, le manque de soins et de nourriture… Le ministre de la Défense a même ironisé sur le fait qu’en sortant ils ont perdu du poids ! Ce même ministre, habitué des provocations, s’est complaisamment fait filmer lors d’une visite dans un camp devant des détenus menottés et allongés sur le sol, face contre terre.

La divulgation de la vidéo n’a fait que rendre public un fait connu et dénoncé par des organisations humanitaires depuis des années.

Thierry Flamand