La Saint-Valentin a un parfum de luttes féministes en Argentine. Mercredi 14 février a eu lieu à Buenos Aires la première assemblée féministe en vue de la préparation du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, réunissant près de 500 personnes. Celle-ci intervient dans un contexte assez particulier : celui de la lutte contre le président d’extrême droite Milei et de son gouvernement qui remettent sur le tapis une loi pénalisant l’avortement.
Depuis le 20 décembre, des mobilisations ont lieu dans tout le pays, à l’appel des organisations d’extrême gauche, de syndicats combatifs ainsi que des mouvements comme celui des piqueteros1. Une grande colère s’est exprimée face aux attaques de Milei comme l’a montré le million de manifestants dans tout le pays le 24 janvier. La loi dite « omnibus » – car fourre-tout – composée de plus de 600 articles attaquant tous les secteurs, octroyant des pouvoirs élargis au Président, a été repoussée en partie grâce à cette mobilisation. La colère sociale face à la réforme du Code du travail (DNU) actuellement suspendue par la justice, ou encore le protocole de répression de la ministre de l’Intérieur Patricia Bullrich ne s’éteint pas2.
En outre, l’attaque contre l’avortement proposée par des députés de la Libertad Avanza, le parti de Milei, s’oppose à un droit conquis dans les rues en 2020 après deux ans de luttes pour la légalisation. Ce droit a été gagné par la « vague verte » de 2018, une mobilisation massive de femmes. L’objectif pour le gouvernement réactionnaire : criminaliser à nouveau l’avortement. Depuis quelques semaines, le symbole de la lutte pour l’avortement refait surface : porté au poignet ou accroché au sac, le foulard vert revient colorer les rues.
Face à ces attaques, le mouvement féministe et le mouvement ouvrier, ne se résignent pas. L’assemblée féministe du 14 février a été la plus massive depuis la fin de la lutte pour l’avortement : les militantes du mouvement sont prêtes à se mobiliser à nouveau comme le montre leur présence à l’assemblée. Depuis 2020 coexistaient deux assemblées distinctes : une tenue par les péronistes3, l’autre par celles qui s’organisent de façon indépendante depuis le gouvernement d’Alberto Fernández4, notamment aux côtés de l’extrême gauche. Face à l’urgence de la situation et à l’ampleur de l’attaque, l’heure est à l’unité dans l’action. Dans ces assemblées en non-mixité choisie, seules des femmes ou des personnes appartenant à des minorités de genre ont pris énergiquement la parole, dénonçant Milei et sa politique, le tout ponctué de slogans et de chants repris par toute l’assemblée.
Les divergences politiques entre les péronistes et l’extrême gauche se sont tout de même fait ressentir dans le débat sur l’orientation du 8 mars. Contre la faim dans les quartiers ou pour l’avortement ? Dans les rues et en grève générale, ou pas ? La voix des révolutionnaires, qui souhaitent faire du 8 mars une date clé pour montrer à Milei qu’il n’arrivera pas au bout de ses attaques, s’est fait entendre. Il faut dégager l’extrême droite réactionnaire, représentante d’un vieux monde qui doit disparaître, avec des mobilisations avant et après le 8, avec une grève générale, avec des manifestations massives, contre l’inflation et les politiques d’austérité qui sont invivables pour toutes et tous ! Et ici aussi, montrons notre solidarité avec les Argentines qui se battent dans la rue le 8 mars !