Nos vies valent plus que leurs profits

Les armées recrutent : combattre l’embrigadement !

« Je crois que l’on doit donner à la jeunesse un nouveau cadre pour servir, selon d’autres modalités, au sein de nos armées » a annoncé Macron le 13 juillet. La Revue nationale stratégique détaille un plan qui est encore en discussion. L’objectif est de recruter 75 000 militaires d’active en plus des effectifs actuels d’ici 2030 et d’augmenter le nombre de réservistes jusqu’à en compter la moitié par rapport aux professionnels. Pour cela, la journée d’appel, dite « du citoyen », comportera plus de « militarité » (comme disent les galonnés) et le service militaire volontaire serait élargi rapidement pour passer de 1 000 jeunes par an aujourd’hui à 50 000.

D’autres pays d’Europe ont choisi de maintenir, voire de rétablir, le service militaire, comme la Suède, qui sélectionne sur des critères d’aptitude – un service obligatoire mais restreint qui recrute 8 000 jeunes sur 110 000 chaque année.

En 2017, Macron avait le projet de rétablir un service militaire obligatoire d’un mois. Faute de moyens et face à l’opposition des généraux qui n’avaient aucune envie d’encadrer ce qu’ils considéraient comme un genre de colonie de vacances, le gouvernement a mis en place le service national universel (SNU) en 2019 : un stage d’endoctrinement patriotique au volontariat.

Il est clair que le SNU est un échec. Il a été contesté par des jeunes dans la rue, mais aussi par des collectifs d’enseignants et de travailleurs sociaux. Il n’a eu aucun effet sur le recrutement des armées. Et il n’a presque pas touché la population qu’il ciblait, à savoir les enfants des travailleurs les plus précaires qui n’ont en majorité aucun avenir dans la machine à tri social qu’est le système scolaire. Un tiers des volontaires du SNU étaient des enfants de militaires ou de policiers, qui ne représentent pourtant que 2 % de la population (et c’est déjà trop !).

La bourgeoisie et ses états-majors hésitent pour la suite : faut-il aller vers le rétablissement d’un service militaire massif, seul à même de pouvoir activer en cas de besoin une conscription de millions d’individus ? Ou bien renforcer une armée professionnelle qualifiée, avec des effectifs plus faibles, mais apte à se projeter pour faire le sale boulot des opérations extérieures de l’impérialisme français ?

Dans tous les cas, le recrutement dans les armées prend la forme d’une conscription sociale. C’est faute de perspective d’une formation et d’un emploi stable que la jeunesse la plus pauvre s’engage dans l’armée. Ce phénomène est amené à prendre de l’ampleur et les révolutionnaires doivent réfléchir aux moyens d’affirmer leurs positions antimilitaristes contre cet embrigadement, tout en se tenant aux côtés de la fraction de la classe ouvrière qui s’engage, pour mener une agitation antimilitariste, y compris sous les drapeaux.

R. P.

 

 


 

 

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