
Trump a annoncé mercredi 2 avril – la veille on aurait pu croire à un poisson d’avril ! – une hausse des droits de douane perçus par les États-Unis. La guerre économique est déclarée, au risque de précipiter rien de moins qu’une crise de l’économie mondiale.
L’impérialisme américain à l’offensive
Cette taxation va renchérir la plupart des marchandises de 10 % à 50 % selon les pays. Les automobiles ont droit à un minimum de 25 % d’où qu’elles viennent. Les produits chinois, déjà taxés à hauteur de 20 %, se voient infliger 34 points de plus, soit un total de 54 % !
Pour justifier cette remise en place de barrières douanières à un niveau jamais vu depuis plus d’un siècle, Trump présente son pays comme la victime du libre-échange… que ses prédécesseurs ont imposé pour asseoir la domination des États-Unis sur l’économie mondiale !
À l’entendre, ses droits de douane à lui seraient une réponse « gentille » à ceux prétendument plus élevés des autres pays. C’est un mensonge pur et simple. Mais un mensonge assorti d’une menace, celle de les augmenter encore. De fait, bon nombre de pays semblent préférer négocier avec le chef de la principale puissance de la planète.
Leur guerre économique… avec notre peau !
D’autres envisagent de rendre coup pour coup et taxe pour taxe. Pas tant du côté de l’Europe, où Macron joue au chef de bande, mais brasse surtout de l’air – un comique de répétition lassant à force de n’être même pas drôle –, que du côté de la Chine, qui a annoncé une hausse miroir de 34 % de ses droits de douane sur les produits américains. Qu’il y ait riposte ou pas, les exportations refoulées aux États-Unis vont chercher à s’écouler dans d’autres pays. Lesquels pourraient à leur tour… relever les taxes sur leurs importations !
Cette perspective d’une escalade générale des barrières douanières a immédiatement fait chuter les cours des principales bourses de la planète. Les capitalistes ont peur, certes, mais du côté des travailleurs, nous aurions tort de nous réjouir. Dans l’immédiat, c’est l’inflation qui menace aux États-Unis. Les entreprises étrangères ne céderont pas leurs bénéfices aux douaniers : elles augmenteront donc leurs prix. Demain, c’est l’emploi qui risque de trinquer. À Detroit, capitale de l’automobile des États-Unis, des ouvriers angoissent de voir les droits de douane s’appliquer sur les châssis en aluminium provenant du Canada, à quelques kilomètres seulement. Le prix des voitures qu’ils produisent grimperait en flèche, au risque que personne ne les achète… et que leur patron les licencie.
Réindustrialisation, piège à c…
Trump minimise. Ces « perturbations » seraient un mauvais moment à passer avant que l’appétissant marché américain amène la relocalisation d’usines aux États-Unis. Chez nous aussi, tout le monde parle de réindustrialisation, de la gauche à l’extrême droite. Mais personne ne le fait. Barrières douanières ou non, ce qui attire les capitalistes, ce sont les possibilités de faire du profit sur l’exploitation des travailleurs. Et, des plus protectionnistes aux plus libre-échangistes, tous les dirigeants capitalistes, comme Macron, et ceux qui aspirent à l’être, comme Le Pen et Bardella, s’accordent pour vouloir renforcer ces possibilités.
Entre travailleurs, pas de frontières !
Bien des syndicats, ici ou ailleurs, cèdent aux sirènes du protectionnisme. Comme si l’État aux mains des patrons pouvait faire autre chose qu’aider ces derniers à nous exploiter ! Libre-échange ou barrières douanières, ce sont les deux faces d’une même médaille : le capitalisme !
Les barrières douanières ne nous protégeront pas plus des bas salaires et des licenciements que la fermeture des frontières aux immigrés. Nos adversaires ne sont pas les travailleurs des autres pays : c’est même précisément par des luttes communes contre nos exploiteurs communs que nous pourrons remettre à l’endroit ce monde qui marche sur la tête.
Éditorial du NPA Révolutionnaires du 7 avril 2025