Malgré ses casseroles judiciaires, malgré une campagne alternant les bobards racistes et des platitudes creuses, malgré un programme menaçant fondamentalement les droits et les intérêts des centaines de millions d’Américains qui font vivre leur pays, Trump a été nettement réélu mardi 5 novembre dernier.
Cette réélection s’explique d’abord par la déroute électorale des Démocrates. Biden et sa vice-présidente Harris ont mené pendant quatre ans une politique au service du patronat. L’inflation notamment s’est traduite par un hold-up sur les salaires réels ouvriers au profit des actionnaires. Et les Démocrates ont osé mener campagne sur leur prétendu bon bilan économique !
Dans de nombreux secteurs, le monde du travail riposte, fait grève et gagne. Politiquement aussi, les classes populaires ont montré leur capacité de mobilisation que bien des bourgeois redoutent, par exemple pour dénoncer la mort de George Floyd il y a quelques années.
Trump est le produit de cette situation. Peut-il la faire basculer par une pratique autoritaire et plus répressive du pouvoir, par des cartes blanches laissées aux groupes violents qui se renforcent dans son sillage, voire par la mobilisation de millions d’électeurs fanatisés ? L’avenir le dira. Pour le moment, à l’hypothèse de la création d’un parti de type fasciste, dont la bourgeoisie américaine estime visiblement qu’elle n’a pas encore besoin, Trump a préféré le phagocytage d’un Parti républicain qui n’a pas offert grande résistance, à l’aide de son mouvement Make America Great Again – « Rendre à l’Amérique sa grandeur » : un programme compris à tort par des millions d’électeurs comme synonyme d’élévation de leur niveau de vie, alors qu’il a pour but de préserver la domination impérialiste des États-Unis sur le monde. Par des interventions armées si nécessaires (quand bien même Trump a baratiné le contraire durant la campagne). Mais aussi par la poursuite d’attaques anti-sociales qui pourraient viser aussi bien le droit de grève ou les services publics que les libertés des minorités, les immigrés ou le droit à l’avortement. Car Trump ne peut gouverner qu’en divisant les travailleurs.
Si la conscience se renforce parmi ces derniers qu’il faut relever le défi et s’organiser collectivement, indépendamment des deux grands partis, alors là, oui, Trump pourrait bien perdre son pari. Et la bourgeoisie avec lui.
Mathieu Parant
Dossier sur les élections présidentielles aux États-Unis paru dans Révolutionnaires no 22
- Les États-Unis après l’élection présidentielle
- Une défaite de Harris plus qu’une victoire de Trump
- Vie à crédit et pauvreté : merci Biden…
- Un « âge d’or »… mais pas pour tout le monde !
- Situation internationale : à quoi s’attendre de la part de l’administration Trump ?
- Make Working Class Great Again
- L’extrême gauche américaine dans les élections
- Pour une politique indépendante de la classe ouvrière
Dossier réalisé en collaboration avec des militants de Speak Out Now. Pour plus d’informations sur ces camarades et la vie politique aux États-Unis, visitez leur site internet :
https://speakoutsocialists.org