L’élection de Mitterrand en 1981 devait « changer la vie ». À défaut, son gouvernement a augmenté le Smic, instauré la cinquième semaine de congés payés, la retraite à 60 ans ou les 39 heures, même s’il avait fallu batailler sur ces deux derniers points. Sous Jospin, entre 1997 et 2002, le temps de travail hebdomadaire est même descendu à 35 heures.
Mais, dès 1983, les salaires étaient désindexés des prix. Les 35 heures étaient accompagnées de la possibilité d’imposer des semaines à rallonge ou des journées morcelées. Et le patronat n’a cessé de revenir sur les concessions en conservant les contreparties !
Les nationalisations sous Mitterrand, moyennant de généreuses indemnisations, n’ont pas empêché l’État de procéder lui-même à des dizaines de milliers de licenciements, notamment dans la sidérurgie. En 1999, quand Michelin annonça la suppression de 7 500 emplois, Jospin renonça au rétablissement de l’autorisation administrative de licenciement, car il ne fallait « pas attendre tout de l’État et du gouvernement ». Ce même Jospin, dont le gouvernement a battu des records de privatisations, permettant à la bourgeoisie d’empocher des profits en bénéficiant des investissements publics.
Il est vrai que la gauche au pouvoir a aboli la peine de mort, dépénalisé l’homosexualité, créé le Pacs en 1999 et permis aux homosexuels de se marier en 2013.
Mais plusieurs des pires attaques contre le monde du travail ont été portées sous Hollande, comme les lois Macron et El Khomri, modifiant au profit des patrons le Code du travail, ou encore le passage aux 43 annuités pour la retraite.
Cette « gauche » a aussi été à la pointe des lois racistes et des expulsions de sans-papiers, des guerres impérialistes, du Tchad à l’Irak pour Mitterrand, du Kosovo à l’Afghanistan pour Jospin et du Mali au Centrafrique pour Hollande.
Sous Mitterrand, le Front national a atteint les 15 %. Après cinq ans de gouvernement Jospin, Jean-Marie Le Pen a atteint le second tour de la présidentielle, comme Marine Le Pen après le mandat de Hollande : c’est aussi le bilan des désillusions suscitées par la gauche au pouvoir.
Jean-Baptiste Pelé
Cet article fait partie d’un dossier paru dans le numéro 25 de Révolutionnaires.
Sommaire du dossier
- Les solutions institutionnelles c’est toujours pour celles et ceux qui croient au père Noël
- Nupes, NFP : tout sauf les luttes…
- Les illusions perdues
- Quand les syndicats se veulent plus responsables du fonctionnement du capitalisme que les politiques
- Pour un plat de lentilles… sans lentilles
- Un pôle des révolutionnaires pour proposer une politique offensive aux travailleurs