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Les méthodes mafieuses de la direction mises en échec à La Poste dans le 92

Depuis la grève de quinze mois de 2018-2019, la direction de La Poste n’arrive pas à mettre en place de réorganisation dans la majorité des centres de distribution des Hauts-de-Seine. Alors que la moyenne nationale entre deux restructurations est de deux ans, elle est de huit ans dans le 92. Certains bureaux n’ont pas subi de suppressions de tournées depuis 2010, comme Levallois ou Asnières-sur-Seine, grâce à la combinaison de grèves et d’expertises CHSCT pour mettre en cause la mesure de la charge de travail.

Le licenciement de Gaël Quirante, secrétaire de Sud Poste 92, avait pour but de décapiter le syndicat majoritaire. Mais les élections de 2018, 2020 et 2022 ont enregistré un renforcement du syndicat. À la veille de la mise en place des CSE en 2024, il y a une possibilité que Sud soit majoritaire à l’échelle de toute l’Île-de-France, et donc que le blocage des réorganisations s’étende à toute la région.

Méthodes mafieuses

La nouvelle direction régionale de La Poste avait engagé en 2021 une longue série de commissions disciplinaires contre les militants et sympathisants de Sud : quatre-vingts commissions disciplinaires en deux ans, avec licenciements ou mises à pied allant jusqu’à trois mois ! Mais là encore, au-delà du syndicat, cela n’a pas suffi à briser la résistance des postiers du 92.

En 2023, la direction a décidé de passer à d’autres méthodes. Elle a mobilisé les cadres et, avec l’aide de représentants syndicaux rivaux de Sud, elle a embrigadé une minorité des factrices et facteurs en leur promettant promotions et primes de plus de 3 000 euros (deux salaires mensuels de facteur). Une petite bande spécialement dispensée de boulot, payée par l’entreprise pour s’en prendre aux représentants locaux en amont et pendant les votes des expertises par des menaces et pressions, jusqu’à des agressions physiques en pleine réunion de CHSCT, sous l’œil complice des cadres !

Camouflet pour la direction

Le syndicat n’a pas flanché, il a continué à s’opposer aux réorganisations et à voter des expertises, en allant jusque devant les tribunaux pour faire respecter le droit des postiers. Le 3 novembre 2023, une décision de justice dévastatrice pour La Poste a fini par tomber concernant la réorganisation de Levallois : non seulement la délocalisation du centre et les suppressions de postes sont bloquées sous peine de 5 000 euros par jour, mais la responsabilité des cadres qui ont encouragé les violences à l’encontre des militants est dénoncée de manière explicite, ouvrant la possibilité de poursuites au pénal. De quoi encourager les postiers qui résistent et leur syndicat, qui appelle à une grève contre les suppressions d’emplois et pour l’augmentation des salaires le 12 décembre.

Correspondant, 7 novembre 2023

 

(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 7, novembre 2023)