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Les militants révolutionnaires, aux prises avec le vote RN dans les entreprises

Premier tour, entre deux tours, deuxième tour des législatives, ont donné lieu à bien des discussions aux pauses ou durant les tournées syndicales. Intéressantes mais parfois difficiles avant le deuxième tour, avec des collègues partisans du vote RN qui se sentaient portés par la victoire annoncée de Bardella. Retournement apparent de situation au lendemain du deuxième tour, avec le soulagement qui s’est exprimé au contraire à la claque mise au RN. « On a fait beaucoup de politique », disent nos camarades. Et bien des questions sont aujourd’hui soulevées sur qui va gouverner, comment, avec gros doutes et inquiétudes sur la volonté ou la capacité du Nouveau Front populaire, s’il participe au gouvernement, à « tout changer » comme il l’a affiché dans sa campagne.

Des moments « chauds », avant les résultats du second tour

Dans les discussions, les efforts militants pour décrypter la politique du RN, soulignant sa politique anti-ouvrière et raciste et sa proximité avec celles de Macron et de la gauche dans le passé, soulignant l’importance des luttes collectives par lesquelles des travailleurs se défendent face au patronat, ne modifiaient pas les votes RN avoués. Des RN convaincus restaient plutôt taiseux, certains se disant même « apolitiques ». Mais des échanges néanmoins très tendus lors de diffusions de tracts « contre l’extrême droite et Macron », sur des chantiers SNCF de régions à forts votes RN. Des électeurs PCF se disaient hésitants à voter RN. Et des jeunes attentifs et souriants concluaient pourtant qu’ils voteraient RN.

À noter que les discussions étaient rarement spontanées, les anti-RN pouvant s’exprimer les premiers quand ils étaient sollicités, mais personne ne voulant pourrir l’ambiance. Et une fois lancées, les discussions indiquaient un net retournement : des électeurs RN parlant volontiers de leur volonté de récidiver, tandis que ceux qui n’aiment pas l’extrême droite le chuchotaient.

Ce qui s’est exprimé alors chez des « pro RN » est divers. D’un côté une haine de classe dirigée contre Macron et la gauche au pouvoir ; contre des directions syndicales aussi, qui lors d’épisodes grévistes passés ont emmené droit à la défaite. Ce ressentiment de grévistes s’exprime. La responsabilité de la gauche sous toutes ses formes est palpable. D’un autre côté, le soutien au RN est une forme d’adhésion à des thèses réactionnaires, avec beaucoup de fantasmes sur ceux qui vivent des aides sociales sans travailler, ou encore sur l’insécurité et le besoin de rétablir l’ordre. Quelques critiques contre les droits des femmes ou encore le « wokisme » et la priorité donnée aux minorités au détriment des autres… Beaucoup de démoralisation sur le fait qu’on ne pourrait rien à rien, que les riches seraient indéboulonnables, y compris qu’on ferait fuir les patrons en augmentant les salaires.

Ici et là, néanmoins, la tonalité était plus réconfortante, les espoirs (ou illusions !) dans la gauche davantage présents, et les discussions changées par la participation de collègues d’origine africaine. La multiplication des agressions racistes, le déchaînement de haine sur les réseaux sociaux, ne leur avaient pas échappé. Une vraie peur en prévision de la soirée du 30 juin, si le RN l’emportait.

Soulagement et retournement de tendance au lendemain du second tour

Pour autant que nous puissions en juger à quelques jours à peine après le second tour, des discussions bien plus fréquentes et collectives ont eu lieu, et pas que des phrases en l’air, des interventions parfois soutenues de collègues : certains contents et qui attendent pas mal du NFP, d’autres plus sceptiques mais qui demandent à voir quand même, la plupart soulagés de la « claque » au RN. Ce qu’ils n’osaient pas exprimer dans l’entre-deux tours. L’heure est à un retournement de situation, à vérifier : si les mêmes problèmes demeurent, ce ne sont plus les mêmes bouches qui s’ouvrent…

Les nôtres, de militants et militantes révolutionnaires, ne se sont jamais fermées ! Elles ont peut-être marqué quelques points, des essais qu’il va falloir transformer, en appelant à faire confiance aux luttes qui sont devant nous, à la solidarité de classe, contre Macron et Le Pen, mais aussi contre des directions politiques et syndicales de gauche qui ne défendent plus les intérêts fondamentaux des travailleurs depuis longtemps, et de ce fait amènent de l’eau au moulin de l’extrême droite.

Correspondants

(Article paru dans le numéro 17 de Révolutionnaires)