Nos vies valent plus que leurs profits

Les solutions institutionnelles c’est toujours pour celles et ceux qui croient au père Noël

Le Nouveau Front populaire est arrivé en tête des élections législatives, mais il n’a pas eu un score suffisant pour former une majorité, les deux tiers des votants ayant porté leur voix sur la droite et l’extrême droite. Depuis, les porte-paroles du NFP, et en particulier ceux de la FI, ne cessent de dénoncer le caractère anti-démocratique de la gouvernance de Macron.
On ne peut que partager le dégoût de la grande majorité de la population pour l’autoritarisme et l’arrogance du président le plus détesté de la Cinquième République. Mais s’en tenir à ce créneau est une impasse.

Macron n’a pas eu besoin de coup d’État : sur la base des résultats électoraux, il a tout simplement utilisé les possibilités offertes par les institutions pour mettre de côté le NFP. Toute la mécanique des institutions capitalistes dites « démocratiques », en France et ailleurs, a été taillée pour marginaliser les intérêts des travailleurs, que d’ailleurs le NFP ne représente même pas. C’est pourtant cette politique institutionnelle qui freine la construction d’un mouvement d’ensemble, fait de grèves et de manifestations qui se généralisent et se fixent pour objectif de bloquer l’économie pour poser les bases d’un autre pouvoir : celui des travailleurs, de celles et ceux qui font tout fonctionner.

Alors pourquoi placer le combat précisément sur le terrain des institutions bourgeoises ? C’est là tout le problème de la politique du NFP et de ses composantes : PS, PCF, EELV et LFI (auxquels s’étaient joints POI et NPA-l’Anticapitaliste) qui nous demandaient en chœur de faire barrage à l’extrême droite… en votant pour Borne ou Darmanin. Ni le NFP, ni aucune de ses composantes, ne sont « réformistes » au sens classique du terme, ils ne s’en revendiquent d’ailleurs même pas. Ce ne sont pas des forces qui chercheraient par la voie de réformes successives à atteindre l’objectif d’une société sans exploitation ni oppressions. À force de privilégier le strict respect de la propriété privée et de l’État, les partis de la gauche institutionnelle ont fini par ne plus évoquer l’objectif d’une autre société. Ils se sont adaptés au capitalisme en se moulant dans les institutions d’un monde de plus en plus décadent et violent. C’est ce programme que nous refusons, car il ne propose en définitive que de collaborer avec la classe qui nous exploite. Quand il n’invite pas directement certaines fractions de cette classe, comme le font le PS ou EELV, dans ses cadres d’alliances électorales, tout cela sous prétexte de lutte « contre l’extrême droite ». Les mesures proposées par la gauche institutionnelle reviennent tout au plus au moindre mal, sans jamais contester le pouvoir du patronat. Or c’est précisément ce pouvoir qu’il faut remettre en cause ! C’est pourquoi nous considérons que le clivage réforme ou révolution, ou, en actualisant, respect des institutions vs révolution, est toujours d’actualité. C’est aussi la raison pour laquelle nous construisons des organisations révolutionnaires, même si nous ne refusons jamais, voire proposons, l’unité d’action la plus large dans l’action.

Nous ne voulons pas juste une part du gâteau que nous sommes les seuls à fabriquer, nous voulons tout le gâteau et l’ensemble des moyens qui permettent de le produire !

Gaël Quirante

 

 


 

 

Cet article fait partie d’un dossier paru dans le numéro 25 de Révolutionnaires.

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