Nous soutenons pleinement la lutte de la population kanak contre cette réforme du « corps électoral » qui ne vise qu’à la rendre minoritaire sur ses propres terres. Il ne s’agit pas simplement de la repousser le temps que la colère se calme, mais de la mettre directement à la poubelle ! La droite se réjouit des appels de Macron au retour à l’« ordre ». Mais quel ordre ? Celui qui voit toutes les richesses accaparées par des colons européens vivant dans le luxe, tandis que l’immense majorité des Kanak vit dans la pauvreté ?
La gauche, elle, appelle au calme, au retour du « dialogue ». Un dialogue sous la menace des armes ? Des compromis peuvent évidemment se révéler nécessaires, mais aucun « dialogue » ne pourra combler le fossé entre les riches colons et la population kanak.
Bien sûr, personne ne peut se réjouir de saccages indiscriminés, comme celui du Café Mouv, structure culturelle populaire du quartier Rivière Salée, dans laquelle l’expression de la culture kanak trouvait toute sa place. Mais cette jeunesse a raison de prendre la rue et de se battre pour son droit à l’autodétermination : que fait encore la France dans un archipel à 17 000 kilomètres de Paris ?
Nous devons exiger ici, dans l’Hexagone, la liberté pour les militantes et les militants indépendantistes arrêtés ou assignés à résidence. La loi modifiant le corps électoral doit être retirée, les flics envoyés pour briser la révolte kanak doivent immédiatement quitter la Nouvelle-Calédonie. C’est notre propre État qui réprime et opprime à l’autre bout du monde. Macron a mis la Kanaky à feu et à sang.
L’explosion sociale qui a déferlé sur la Nouvelle-Calédonie est politique. Le mouvement indépendantiste, grâce à la CCAT, qui a réuni des partis du FLNKS, le Parti travailliste et le principal syndicat ouvrier, l’USTKE, a réussi à mobiliser 60 000 personnes le 13 avril dernier dans les rues de Nouméa.
Le mouvement qui est en train de se développer dans l’archipel aura la lourde charge d’offrir une perspective émancipatrice à tous les opprimés – les Kanak, mais aussi tous les travailleurs que les capitalistes ont fait venir d’Océanie ou du Vietnam –, de donner à la révolte un contenu qui puisse faire naître l’espoir d’une vie meilleure à l’ensemble des laissés-pour-compte de Kanaky. Une véritable émancipation des Kanak ne pourra pas être seulement nationale mais sera aussi sociale.
Marc Fouilloux et Boris Leto
Cet article fait partie du dossier publié dans Révolutionnaires no 15.
Sommaire du dossier
- Hors de Kanaky, l’État colonial français !
- La mise en place de l’ordre colonial contre les Kanak
- Malgré les « accords », le maintien du fait colonial
- Tandis qu’une mince couche du peuple kanak s’est enrichie, la majorité vit dans une pauvreté accrue
- Pour les capitalistes les profits, pour les Kanak la pollution ?
- Qui sont les indépendantistes ?
- Kanaky : une colonie française parmi d’autres
- L’État français doit dégager de la Kanaky !