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L’État français n’est pas « impartial » !

Les accords de Matignon de 1988 avait ponctué la dernière grande mobilisation du peuple kanak. Le refus du statut Pons (qui donnait une place de citoyens de seconde zone aux Kanak) et plus généralement de l’ordre colonial s’était concrétisé par le boycott actif des élections présidentielles. Les organisations indépendantistes kanak, fortes de plusieurs milliers de membres, étaient regroupées principalement dans le FLNKS, le Front national de libération kanak socialiste. Cette année de mobilisation fut durement réprimée, jusqu’au massacre de la grotte d’Ouvéa (le 5 mai 1988) où des militants indépendantistes s’étaient barricadés en prenant des gendarmes en otage. L’assaut de l’armée française s’était soldé par vingt-cinq morts, dont dix-neuf militants indépendantistes.

Le contexte des élections présidentielles de 1988 ajouta une pression politique à la situation qui empirait en Kanaky, avec un déploiement toujours plus grand de l’armée, qui était allée jusqu’à envisager l’utilisation de napalm dans la grotte d’Ouvéa ! Les accords de Matignon furent signés entre les représentants de l’État français et une partie des dirigeants indépendantistes et loyalistes. Ils concédèrent bien peu aux revendications d’indépendance, mais permettaient la « paix » et promettaient un rééquilibrage économique et politique au profit des Kanak. Dix ans plus tard, le scénario s’est répété avec les accords de Nouméa : malgré des revendications d’indépendance très claires du peuple kanak, déjà exprimées dans les urnes et surtout dans la rue, la question de l’indépendance fut repoussée à… trente ans plus tard. Alors qu’une minorité de dirigeants kanak s’est enrichie en prenant une place dans le capitalisme et les institutions locales (comme la gestion du nickel dans la province Nord), la grande majorité de la population kanak a continué de subir la réalité coloniale et son cortège de misère et d’humiliations : discriminations racistes, exode rural massif, précarisation de la jeunesse.

Voilà donc le fameux « esprit des accords de Matignon et de Nouméa » : l’État français manœuvre entre répression armée des mouvements sociaux et signature d’accords donnant des miettes symboliques aux Kanak, pour poursuivre la colonisation en toute quiétude. Loin d’être impartial, l’État français continue d’imposer un ordre raciste et colonial, un « destin commun » imposé par la force.

Carma Menry et Marc Fouilloux

 

 

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