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L’été 2023, le plus chaud des 2000 dernières années : c’est au capitalisme qu’il faut mettre le feu !

Un nouveau record vient d’être battu ! S’agit-il d’une nouvelle explosion des dividendes ? Presque ! Une étude publiée dans la revue Nature1 le 14 mai vient de démontrer que l’été 2023 est le plus chaud depuis 2000 ans dans l’hémisphère nord, avec plus de 2 °C supérieurs aux moyennes estivales de la période préindustrielle.

Le capitalisme met le feu à la planète…

Les capitalistes peuvent sabrer le champagne : l’augmentation des températures étant particulièrement corrélée à celle des profits, l’année 2024 risque bien de battre tous les records, tant sur le terrain des dividendes que du dérèglement climatique. Et il n’y a pas besoin d’attendre l’été pour observer les dégâts. En effet, rien que ces dernières semaines, de nombreuses régions du monde sont percutées par des catastrophes climatiques.

Au Canada, 131 incendies parsèment le pays, menaçant ironiquement la ville pétrolifère de Fort McMurray que des milliers d’habitants ont dû évacuer devant l’avancée des flammes. Une course s’engage entre l’État et les incendies qui ont déjà brûlé 18 millions d’hectares l’an dernier : les pompiers seront-ils capables d’empêcher les flammes d’atteindre les installations pétrolières et ainsi éviter une catastrophe écologique ? Cette industrie responsable des fortes émissions de gaz à l’effet de serre, elles-mêmes coupables d’accentuer les canicules à répétitions pavant la voie aux méga-feux ? Aujourd’hui quatrième productrice mondiale d’or noir, la bourgeoisie canadienne poursuit sa fuite en avant meurtrière en développant sa production d’hydrocarbures2. La bourgeoisie ne produit pas seulement la corde qui servira à la pendre, elle s’en pare toute seule, entraînant toute l’humanité dans sa chute. Hors de question de brûler sur l’autel du profit avec ces pompiers pyromanes !

… et fait payer les conséquences aux travailleurs

En effet, aux inégalités économiques se conjuguent les inégalités face aux conséquences du dérèglement climatique. Non seulement les puissances impérialistes pillent les ressources matières premières qui leur permettent de détruire nos écosystèmes, mais en plus leur territoire est bien moins concerné par les conséquences écologiques de leurs politiques.

Pour les peuples victimes de la prédation impérialiste, c’est la double peine. Par exemple, l’Asie du Sud-Est est en ce moment frappée par des vagues de fortes chaleurs, dépassant les 40 °C sur un tiers de la Thaïlande (avec un pic à 52 °C à Bangkok !), allant jusqu’à perturber la participation aux élections en Inde. Face aux canicules, les populations ne sont pas égales : comment respecter la recommandation de « rester chez soi » quand son logement est mal isolé, ou qu’on doit tout simplement aller travailler ? Mais le dérèglement climatique, ce n’est pas seulement des augmentations de températures : l’Afghanistan est par exemple victime de nombreuses crues et inondations meurtrières depuis mi-avril. Celles-ci ont directement fait plusieurs centaines de morts et menacent de détruire les cultures dont dépendent près de 80 % de la population afghane. Le dérèglement climatique assèche les sols et provoque des pluies torrentielles : les effets combinés sont dévastateurs. Alors que l’Afghanistan n’est responsable que de 0,06 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, il est le sixième pays le plus vulnérable au dérèglement climatique, après plusieurs années de guerre civile et d’occupation militaire sous la houlette des États-Unis, premier pollueur mondial. L’impérialisme ne se contente pas de piller le monde, il s’attaque aux conditions de vie même des populations à travers l’exploitation de la force de travail et de la nature.

Impérialisme vert, impérialisme colonial

Afin d’exploiter au mieux les matières premières nécessaires au développement de leurs empires financiers, les différentes bourgeoisies n’hésitent pas à écraser les populations. Si les puissances impérialistes soutiennent aujourd’hui le projet colonial et génocidaire de l’État Israélien, c’est qu’ils ont besoin d’un gendarme dans une région riche en hydrocarbures. Mais le soutien à des régimes meurtriers ne s’arrête pas là : on fait des affaires avec toutes les dictatures et gouvernements réactionnaires du monde quand il n’est pas directement question de se salir les mains soi-même. Ainsi, le gouvernement français poursuit par exemple son projet colonial en Kanaky, dans l’espoir de conforter l’exploitation du nickel, afin de ne pas dépendre de l’industrie chinoise, tandis que celle-ci soutient les mouvements indépendantistes dans l’espoir de réduire les prétentions françaises.

Mais les puissances impérialistes ne se limitent pas à aggraver la crise climatique par boulimie de profits : ils en profitent pour avancer leurs pions sur le terrain économique et politique. Ainsi, par exemple, ils sont de plus en plus nombreux à chercher à établir de nouvelles routes commerciales ou plateformes d’exploitation gazière3 dans l’Arctique, en profitant des fontes des glaces. La crise écologique permet aussi politiquement aux États de défendre leurs fleurons industriels nationaux à l’aide de subvention publiques, au nom de la « croissance verte » ou du « développement durable », célébrés dans les grandes messes des COP4.

Les maîtres-chanteurs du climat

« Après moi, le déluge » scandent les capitalistes. La crise écologique rapporte, tant sur le terrain financier que diplomatique. En novembre 2023, l’Australie a proposé à l’État des Tuvalu une proposition d’accord historique dans le cynisme : « Nous offrons l’asile climatique à votre population, en échange d’un droit de regard sur vos relations diplomatiques avec d’autres nations. » En effet, l’Australie accepte d’accueillir les habitants des Tuvalu sur son territoire (à raison de 280 par an, jusqu’à l’accueil total de la population), à condition d’obtenir un droit de regard sur les pactes de sécurité que ceux-ci envisageraient de signer avec d’autres pays. C’est sans doute la première fois dans l’histoire que les conséquences de la crise climatique sont utilisées aussi clairement comme moyen de pression pour obtenir des avantages sur le plan géopolitique : soumettez-vous à nous, les pollueurs, si vous ne voulez pas finir submergés par les eaux !

En effet, les Tuvalu sont particulièrement menacées par le dérèglement climatique et la montée des eaux qu’elle entraîne. D’ici la fin du siècle, c’est près de 95 % de la surface des îles qui risque de se retrouver sous les eaux, tandis que la montée progressive de celles-ci cause déjà de nombreuses inondations, paralysant les transports et détruisant les cultures. Ainsi, le gouvernement a les mains liées et a fini par signer un « mémorandum explicatif » ouvrant la porte à une application du traité australien fin 2024, tandis que le président travailliste australien plantait tranquillement un nouveau clou dans le cercueil des Tuvalu en annonçant, jeudi 16 mai, sa volonté de développer l’exploitation de gaz naturel « d’ici à 2050 et au-delà ».
Les capitalistes ne sont pas seulement incapables de sauver nos conditions de vie sur la planète, ils ne le souhaitent même pas. Nous devons les renverser et leur retirer les moyens de nuire.

Stefan Ino

 

 


 

 

1  https://www.nature.com/articles/s41586-024-07512-y
2  https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2073272/petrole-canada-trans-mountain-transition-energetique
3  https://totalenergies.com/fr/medias/actualite/communiques/russie-lancement-du-projet-majeur-arctic-lng-2
4  https://npa-revolutionnaires.org/cop-28-derriere-le-simulacre-de-lutte-pour-le-climat-la-repartition-des-futurs-profits/