Nos vies valent plus que leurs profits
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Leur crise politique, notre orientation révolutionnaire !

À l’heure où nous écrivons, nous ne savons pas qui formera le prochain gouvernement ni quelle en sera la composition. L’extrême droite dispose d’un nombre de députés inégalé depuis la Seconde Guerre mondiale, le parti de Macron, au pouvoir depuis sept ans, haï par les classes populaires, a sauvé ses arrières-trains grâce aux désistements « républicains » et le Nouveau Front populaire, une alliance de gauche aussi hétéroclite que fragile, qui possède le plus grand nombre de députés, n’est ni capable de gouverner seule ni de déterminer unanimement en son sein quelle stratégie adopter pour prétendre à la gestion des affaires. C’est une situation inédite depuis des décennies dans un pays où les institutions politiques bourgeoises ont été façonnées (depuis 1958) pour fabriquer des blocs majoritaires capables de gouverner durant plusieurs années avant de céder leur place à d’autres, dans « l’alternance » mais avec la même politique au service du patronat. Cette situation de crise politique ouverte se déploie sur fond de colère sociale rampante depuis des années provoquée par l’aggravation des conditions d’existence de la classe ouvrière à qui les capitalistes font payer la concurrence qu’ils se livrent pour savoir lesquels seront les plus capables d’étancher le mieux leur soif de profits. Elle doit être appréhendée comme une occasion pour les communistes révolutionnaires de défendre leurs orientations, sans penser que cela sera « trop facile », mais sans penser non plus que nous serions juste condamnés à subir sans pouvoir agir. On doit la prendre à sa mesure, sans rire, sans pleurer, avec le courage et l’optimisme de celles et ceux qui pensent que c’est l’affrontement avec l’État de la bourgeoisie et toutes les forces qui défendront jusqu’au bout le système capitaliste qui peut offrir des possibilités d’intervention de la classe ouvrière sur la scène politique. Cette crise des instruments classiques de la domination politique des possédants, est un des signes de la tension sociale qui s’accroît et devra bien exploser. Non, il n’y aura pas de « répit » pour la lutte de classe, non, on ne se débarrassera pas de l’extrême droite sans en finir avec toutes les politiques racistes et antisociales menées par tous les gouvernements de droite comme de gauche depuis 40 ans, qui lui ont pavé la voie !

C’est justement pour cela que nous avons besoin d’une orientation politique en complète indépendance de celle du Nouveau Front populaire qui ne parle que de « Premier ministre » ou « de prochaines élections présidentielles ». Il faut revenir aux fondamentaux : ne compter que sur nos luttes, impulser les luttes locales, même petites, même partielles, en mettant en avant la nécessité de les élargir le plus possible ; populariser celles qui ont réussi à s’imposer, les impulser quand nous le pouvons ; travailler à leur généralisation, leur convergence, en expliquant que les choses se précipitent, que la classe ouvrière n’échappera pas, en restant attentiste, aux attaques d’une bourgeoisie à l’offensive contre elle ; et qu’il faudra donc que ces mobilisations débouchent sur une grève générale et le blocage du pays, voire qu’elles puissent basculer sur un terrain révolutionnaire. Seule l’irruption des travailleurs pour leurs propres revendications en toute indépendance des appareils politiques et syndicaux de la gauche pourrait ouvrir une perspective qui rompe avec l’impasse électorale. Pour imposer des mesures d’urgence pour l’ensemble du monde du travail, il n’y aura pas de « magie » : il faudra l’affrontement avec le patronat pour aller chercher l’argent là où il est.

Pour mener et proposer largement cette politique aux travailleurs, il serait utile que les militants révolutionnaires, qui n’ont pas rejoint le NFP, militent de concert, et nous pensons évidemment en premier lieu aux camarades de Lutte ouvrière. Car, de fait, si cette séquence politique amène également à des clarifications du côté des forces révolutionnaires (la divergence politique est clairement apparue entre notre NPA-Révolutionnaires et le NPA-L’Anticapitaliste qui s’est agrégé au NFP), elle doit inciter à prendre nos responsabilités pour constituer un pôle qui dépasserait la juxtaposition de nos simples forces.

Marie Darouen

(Article paru dans le numéro 17 de Révolutionnaires)