Nos vies valent plus que leurs profits

L’histoire de Souleymane, film de Boris Lojkine

Tout commence par une image : celle de Souleymane, attendant qu’on l’appelle dans une salle d’attente de l’Ofpra, l’organisme qui gère les demandes d’asile, et accorde (ou, souvent, n’accorde pas) les papiers aux réfugiés.

Le film de Boris Lojkine se déroule à rebours de cette première image, suivant Souleymane dans ses trajets parisiens à vélo. Là pour déposer des repas à des clients qui ne lui accordent tout juste que leur mépris, ici pour demander son argent à Emmanuel – qui loue à Souleymane, privé de papiers, son compte de livreur à vélo.

Les rapports avec les autres livreurs, avec la police, avec les restaurateurs ou même les associatifs sont visibles dans les temps d’arrêts de cette course folle, qui rend sensible la condition des migrants en France. Travailleurs comme les autres, et à la fois plus : plus exploités, plus démunis. Mais aussi peut-être plus robuste. Ce qu’on voit de Souleyman, c’est la résistance de chaque instant, et l’acharnement, qui ne se raconte pas mais se montre. Il faut voir ce film, notamment en ce moment où les idées xénophobes tentent de s’implanter dans les esprits.

L’acteur, Abou Sangare, lui-même sous OQTF, a subi une salve de la part de l’extrême droite qui sévit dans les médias. Une propagande qui ne tranche pas avec celle du gouvernement, qui annonce encore des mesures de plus en plus répressives pour rendre impossible la (sur)vie de ceux qui fuient la misère et les guerres causées par l’impérialisme français.

Mona Netcha