
Aux États-Unis, l’agence fédérale consacrée à l’aide internationale a été démantelée en quelques semaines, sans même que ses employés aient pu récupérer leurs affaires personnelles. Cela a concerné 2 200 agents fédéraux. La semaine dernière, ce sont 200 000 fonctionnaires stagiaires qui ont été licenciés. Les Trump et les Musk s’en prennent aux migrants et aux fonctionnaires. Et, demain, à toutes les travailleuses, à tous les travailleurs, qu’ils attaquent bout par bout.
L’hécatombe, c’est aussi de ce côté de l’Atlantique !
Cela se passe aux États-Unis et Trump-Musk sont des brutes ? Certes. Mais ce que font l’État et les patrons français est-il si différent ?
Vendredi, on apprenait que le personnel de trois revues musicales prestigieuses était licencié par leur nouveau propriétaire, le PDG du groupe Albin Michel : rentables, mais pas assez ! Même chose dans l’industrie du jeu vidéo qui a licencié 14 000 personnes dans le monde en 2024, dont plusieurs centaines en France.
À Cholet et Vannes, Michelin a décidé de fermer deux usines : 1 254 travailleurs licenciés. Même chose pour les salariés du groupe Auchan qui a annoncé le licenciement de 2 389 salariés. Et l’on ne compte pas les entreprises plus petites qui ferment leurs portes, sous-traitants de donneurs d’ordre qui ne leur en donnent plus, justement. Depuis septembre 2023, il y a eu, selon la CGT, 286 plans de suppressions d’emplois concernant près de 300 000 travailleurs.
Pendant ce temps, ce qui occupe le gouvernement, c’est sa propagande raciste sur l’insécurité (montée en épingle) et contre les migrants. Sur les licenciements, silence radio. Quand le gouvernement s’intéresse à l’emploi, c’est pour durcir les conditions du chômage !
Leurs milliards de profits et la menace du chômage sur tous les travailleurs
Michelin affiche 1,9 milliard de profits. Auchan appartient à la famille Mulliez, cinquième fortune de France, et a touché ces dernières années plus de 500 millions d’euros d’aides publiques en tout genre. En 2024, les entreprises du CAC 40 ont distribué 98 milliards de dividendes à leurs actionnaires. Les grosses entreprises donneuses d’ordre, celles qui sont à l’origine de la vague de licenciements, vont bien. Alors, pourquoi ces licenciements ? Bien sûr pour faire davantage de profits en exigeant le même travail avec moins de salariés. Mais pas seulement.
Aux États-Unis, un des chefs de l’administration Trump déclarait il y a deux ans, parlant des fonctionnaires : « Nous voulons que les bureaucrates soient traumatisés », ajoutant qu’il voulait qu’ils aillent au travail la boule au ventre. Et c’est bien le résultat que le patronat, là-bas comme ici, voudrait obtenir : précariser tous les emplois, faire que tous les travailleurs – même ceux qui se croient protégés par leur statut ou la spécificité de leur travail – se sentent menacés et acceptent tout sans rechigner.
S’organiser pour une contre-offensive de tous les travailleurs
Les directions syndicales dénoncent les licenciements. Mais elles laissent les travailleurs licenciés se battre entreprise par entreprise, et beaucoup le font avec détermination. Mais seuls, les uns après les autres, donc. Sans réelle coordination et sans autre perspective que de tenter de négocier le plus possible d’indemnités. Mais, même pour cet objectif-là, c’est tout autre chose qui serait nécessaire ! Pour lutter contre les licenciements, les rendre impossibles, il faut une mobilisation d’ensemble, car oui, toutes les travailleuses et tous les travailleurs sont menacés.
En l’absence de volonté des directions syndicales, c’est par en bas qu’il faut créer les liens et fixer des objectifs communs. Pour élargir progressivement la mobilisation d’une usine à la région, de la région au pays, en faire un événement politique. Et faire que ce soient les patrons et les possédants qui aient la boule au ventre !
Editorial du NPA-Révolutionnaires du 17 février 2025