Nos vies valent plus que leurs profits

Logements introuvables, profits imbattables !

Fin septembre, le congrès des organismes HLM a été l’occasion de dresser un constat en béton : près de trois millions de foyers patientent toujours pour accéder à un logement social. Chaque année, à peine un demandeur sur dix voit sa demande aboutir. Démolie par les coupes budgétaires de l’État, la construction de logements sociaux a reculé de 124 000 en 2016 à 85 000 en 2024.

Les grands fonds immobiliers, eux, bâtissent des fortunes sur nos loyers. De plus en plus, les logements se concentrent entre les mains d’une minorité. Crise du logement ? Pour qui ? Le secteur reste un marché très rentable : au premier semestre 2025, rien qu’en France, l’investissement en immobilier résidentiel a atteint près de 2 milliards d’euros, en hausse de 14 % sur un an.

Dans le monde, plus d’1,1 milliard de personnes vivent dans des bidonvilles ou dans des logements précaires, sans eau potable ni assainissement. L’exode rural, combiné au manque de moyens des États d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, accentue la crise du logement. Les politiques publiques, quant à elles liées aux intérêts financiers, restent très limitées. La plupart des lotissements neufs, si profitables aux constructeurs et aux bailleurs, restent inaccessibles pour le plus grand nombre, dont l’habitat souffre du manque d’entretien, de sécurité et de salubrité. En 2019, un immeuble s’est effondré à Marseille, faisant huit morts et des centaines d’évacués.

Les travailleurs subissent ainsi une double peine. Après s’être fait exploiter au travail, ils doivent consacrer une part écrasante de leurs revenus à des loyers exorbitants, sous peine de se voir expulsés. Un récent rapport de l’Organisation des nations unies indique qu’en Afrique subsaharienne, par exemple, les ménages dépensent en moyenne 43,5 % de leurs revenus pour se loger, contre 20 à 30 % en Europe.

Face à cette situation, les classes populaires s’organisent : collectifs de locataires, mobilisations contre les expulsions… Car derrière la crise du logement se joue une lutte sociale pour imposer que le besoin de se loger décemment soit garanti pour tous et toutes.

Martin Eraud

 

 


 

 

Un toit, un droit ! — Sommaire du dossier de Révolutionnaires no 42