Nos vies valent plus que leurs profits

Lotta comunista

Lotta comunista (LC) qui va fêter cette année ses soixante ans d’existence, est une organisation communiste internationaliste d’Italie. C’est, bien que discrète car se situant volontairement en dehors des réseaux sociaux, le groupe révolutionnaire le plus important du pays. Ses militants se revendiquent léninistes, et si son noyau historique issu de Gênes — avec Arrigo Cervetto et Lorenzo Parodi — provient du communisme libertaire, les traits fondamentaux de son orientation, ses choix et ses élaborations théoriques proviennent de la tradition de la gauche communiste. Lotta comunista puise chez Amadeo Bordiga (le fondateur de Parti communiste d’Italie et grand rival de Antonio Gramsci) son analyse du déclin et de la déchéance de la Révolution d’Octobre, et surtout les critiques de ce dernier du Front unique ouvrier et des tactiques électorales (abstention stratégique selon leurs termes) issues des congrès de l’Internationale Communiste. Cette filiation ne l’empêche pas d’avoir des positions qui lui sont propres sur l’analyse de la Résistance au fascisme (loin des positions des fractions de gauche italienne ou de Lutte ouvrière en France), ou de la rupture après la guerre du Vietnam avec la tradition bordiguiste de soutien aux luttes de libération nationale.

Les camarades estiment que nous traversons depuis un long cycle une période de « passivité politique » de la classe ouvrière et centrent leur intervention sur un travail de construction des « cercles ouvriers », de noyaux léninistes dans les entreprises et les lieux d’étude, une activité syndicale significative (avec entre autres l’animation du syndicat des chantiers navals de Gênes, et une présence dans le triangle industriel du Nord de l’Italie). La part la plus visible de leur activité est la vente de leur presse (une revue mensuelle sous la forme d’un journal). Depuis la pandémie, ils ont développé des activités de bénévolat « de classe » selon leurs termes, consistant à des collectes et dons alimentaires, qui leur permettent une intervention puis une organisation de milieux populaires souvent issus de l’immigration, dont les résultats sont visibles dans leurs réunions et le Premier mai.

Nos différences sont conséquentes. Elles touchent des questions d’inégale importance, nous n’en mentionnerons que les plus saillantes : une certaine distance à l’égard du problème des oppressions, la question de la construction du parti (un élément parmi d’autres : la construction territoriale au lieu de celle de cellules d’entreprises que nous privilégions), la question nationale en particulier sur l’actualité en Palestine, une définition d’un impérialisme européen unifié que nous estimons pour le moins prématurée, le rôle des comités des grève face aux bureaucraties syndicales.

Les militants soucieux de formation connaissent leurs maisons d’éditions en italien, anglais, allemand, russe, portugais et italien. En français les éditions Science Marxiste, où les classiques de Marx, Engels et Lénine côtoient leurs élaborations propres, mais aussi des textes de Trotski (Sur les guerres balkaniques) et deux livres remarquables sur l’histoire du communisme en Chine (La défaite de l’Internationalisme en Chine et Écrits et correspondances de Victor Serge et Léon Trotski sur la révolution chinoise).

 

 


 

 

L’internationalisme concret : rencontres de forces internationalistes à Paris les 16, 17, 18 mai 2025

Sommaire du dossier paru dans Révolutionnaires n° 35