
Le 26 septembre 2019, un immense nuage de fumée cancérigène, dont on retrouvera les traces jusqu’en Belgique, s’abattait sur l’agglomération rouennaise suite à l’incendie d’une partie de l’usine Lubrizol avec des retombées de suies sur tout le nord du département de Seine-Maritime et de nombreux débris de toiture amiantée dispersés sur des kilomètres à la ronde. Si les salariés de l’entreprise n’avaient pas déplacé les stocks de pentasulfure de phosphore, la ville aurait été touchée par un gaz mortel… Mise en examen notamment pour « mise en danger de la vie d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », Lubrizol, multinationale du multimilliardaire Warren Buffet, chouchoutée par les pouvoirs publics, a tout fait pour rejeter la faute sur un de ses sous-traitants, alors que les experts ont bien confirmé que le départ de feu a eu lieu sur son propre site. Elle a tout fait pour ralentir la procédure d’instruction et elle espère toujours échapper à un procès pénal pour ce crime industriel. Et pourtant les charges s’amoncèlent contre elle : celles d’un audit commandé par Lubrizol à Veritas quelques mois avant l’incendie constatait plus de 900 défaillances dans les systèmes de sécurité dans les zones Atex (atmosphère explosive), ou encore la publication des mesures des concentrations de PFas (polluants éternels) dans les eaux souterraines de l’usine qui dépassent jusqu’à 870 fois la norme de potabilité et de 43 fois celle permise pour un pompage dans la nappe phréatique. Des taux proches de ceux retrouvés sous l’usine Arkema de Pierre-Bénite au sud de Lyon, au cœur d’un scandale sanitaire. C’est le procès du capitalisme pollueur et de ses profits qu’il faut désormais instruire !
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