Nos vies valent plus que leurs profits

Lycée Jacques-Brel de La Courneuve : dignité retrouvée par la grève

Le lycée Jacques-Brel est à l’image de la plupart des établissements du territoire : bâtiments vétustes et inadaptés pour recevoir des classes de 35 élèves, réseau numérique défaillant, photocopieuses en panne tous les matins, projecteurs qui fonctionnent mal… Même le « petit matériel » comme les feutres est rationné : on a même demandé à une collègue de ramener les punaises qu’elle avait utilisées pour afficher des travaux d’élèves dans le couloir ! Tout cela en étant confronté quotidiennement aux chefs qui disent qu’ils n’y peuvent rien, mais qui sont bien prompts à vouloir nous intimer l’ordre de bosser lorsqu’on fait remarquer les situations impossibles dans lesquelles on nous place.

Alors, lorsqu’on ajoute à tout cela le chauffage qui ne marche pas, des salles à 12 °C dans lesquelles les élèves et les profs doivent garder leurs bonnets pour ne pas tomber malades, des nuisances sonores provoquées par le chantier du Grand Paris Express juste à côté et une grille du parking qui ne ferme plus, avec plusieurs intrusions constatées… C’est la goutte d’eau.

Ce mardi 25 novembre, 35 collègues ont débrayé à 15 heures et ont exigé que la direction monte écouter leurs revendications. Devant les réponses méprisantes, les collègues ont remis ça le lendemain matin, accompagnés par les représentants syndicaux de la Formation spécialisée sur la santé, la sécurité et les conditions de travail (FSSSCT, anciennement CHSCT). Dans la nuit, comme par magie, le chauffage était revenu, et pour éviter que le personnel ne puisse faire valoir un droit de retrait, le chef a lui-même fait le portier pour ouvrir et fermer manuellement la grille du parking à chaque voiture qui entrait !

Les collègues grévistes sont conscients que pour obtenir satisfaction sur l’ensemble des problèmes matériels, il faudra un rapport de force bien plus favorable, car c’est le résultat de multiples années d’abandon des services publics. Mais en attendant, les grévistes ont pu remettre à la direction un protocole pour faire cesser la multiplication des réunions hors du temps de travail, les injonctions contradictoires et les réponses infantilisantes lorsque les problèmes matériels sont soulevés. Et surtout, ce qui dominait, pendant ces deux jours, c’était la fierté retrouvée de l’action collective, le fait de reprendre la main, les grévistes prenant un malin plaisir à dire à la direction : « nous vous attendons en salle 120 », « nous sommes prêts à vous recevoir »…

D’ores et déjà, plusieurs se sont donnés rendez-vous le 2 décembre pour remettre ça.

Correspondant