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Lyon : les expulsions s’intensifient à quelques semaines de la trêve hivernale

Ces deux dernières années, la préfecture, mais aussi la métropole et la ville de Lyon, toutes deux dirigées par les écologistes, enchaînent les expulsions et mettent à la rue des dizaines de personnes.

Octobre 2024 sonne la fin d’une ère pour les habitantes et les habitants de l’Espace communal de la Guillotière (Lyon 7). Logement mais aussi lieu de vie associative et politique, le bâtiment abritait régulièrement des cours de français, projections de films, entraînements sportifs… Occupé depuis 2019, il a été expulsé par la police au petit matin mercredi 2 octobre. Une vingtaine de personnes se retrouvent à la rue, dont cinq ont été immédiatement arrêtées par la police aux frontières (PAF). Si quelques habitants avaient trouvé un nouveau refuge dans un immeuble rue Chevreul (Lyon 7), ils ont à nouveau été expulsés à peine deux semaines plus tard, alors même que l’immeuble avait été classé « à l’abandon » depuis plus de dix ans.

Le 22 octobre, c’est rue Neyret (Lyon 1) qu’un bâtiment occupé depuis mars 2023 par des mineurs isolés a lui aussi été expulsé par la police. À moins de deux semaines de la trêve hivernale, ce ne sont pas moins de 70 jeunes qui se retrouvent à nouveau à la rue, dont cinq ont été immédiatement interpelés par la PAF. Des expulsions qui se suivent et se ressemblent, et surtout qui se multiplient. D’après les militants, six squats ont ainsi été vidés depuis la rentrée, et les arrestations de la PAF sont maintenant quasi systématiques. Comble de l’ironie, une personne expulsée de son logement de fortune rue du docteur Bonhomme (Lyon 3) en mai dernier et directement embarquée par la PAF était ressortie avec une obligation de pointage en vue d’une expulsion du territoire et… une assignation à résidence !

Dernière en date, l’expulsion du squat rue Neyret par la préfecture a tout de même ému la gauche institutionnelle lyonnaise dont les élus forment, dans un communiqué, « le vœu qu’une solution digne et respectueuse de leurs besoins puisse être trouvée ». La maire du premier arrondissement lyonnais, l’écologiste Yasmine Bouagga, leur a même offert un « petit déjeuner solidaire ». Pas sûr que cette collation réchauffe les personnes remises à la rue bien longtemps, en tout cas elle ne fera pas oublier les actions des Verts eux-mêmes. En effet, c’est bien la mairie écolo de Lyon qui avait pris la décision en mai et juin dernier d’expulser par deux fois des gymnases où 170 personnes, dont des enfants et des femmes enceintes, avaient trouvé refuge. Quant au président de la métropole, Bruno Bernard, écolo lui aussi, il n’est pas en reste puisque la métropole n’a pas hésité à faire évacuer des jeunes mineurs isolés qui avaient établi un campement de tentes sur son parvis.

Campements de fortune, squats, gymnases… qu’elles soient voulues par la préfecture, la métropole ou la mairie, les expulsions se multiplient et le nombre de personnes à la rue augmente. Une situation révoltante à l’heure où le gouvernement prépare une nouvelle loi anti-immigrés. La solution ne viendra pas de la gauche au pouvoir qui organise la remise à la rue des sans-abris à Lyon : opposons-leur nos luttes, nos grèves, nos manifestations et imposons un logement digne pour tous et la régularisation de toutes et tous les sans-papiers !

Correspondante