Nos vies valent plus que leurs profits

MA France Aulnay : 100 % d’ouvriers en grève depuis six jours !

Près de 300 ouvriers du sous-traitant automobile MA France (ex-Magnetto) à Aulnay-sous-Bois (93) sont en grève depuis le 16 avril. Ils réclament de « garder leurs emplois » suite à des menaces de fermeture du site, téléguidées par Stellantis, principal donneur d’ordre, et confirmées ce lundi 22 par la direction de MA France à son service.

MA France Aulnay, ce sont 280 ouvriers embauchés, dont 100 % sont en grève depuis six jours (sur les deux équipes et celle de nuit), et près de 140 intérimaires. Ils fabriquent des pièces de ferrage automobile pour Renault (20 %) mais surtout Stellantis : 80 % de la production, pour les sites Stellantis de Poissy, Hordain (ex-Sevelnord) et de Luton en Angleterre. Leur grève a mis les trois sites à l’arrêt.

Stellantis (et son PDG Carlos Tavares) s’arroge un droit de vie ou de mort sur le site de MA France : il est son principal client, celui qui fournit les matières premières, fixe les prix et décide des volumes. Actuellement Stellantis refuse la « retarification » sur certains coûts relatifs à l’inflation, pour pousser MA France au dépôt de bilan par étranglement.

Mais malgré ses menaces d’envoyer la production en Turquie, la direction de Stellantis est acculée par la grève. Elle a proposé lundi 22 pas moins de 3 000 euros de prime pour reprendre le travail (sans la moindre garantie de la recevoir si l’usine ferme) : preuve qu’elle n’a pas les moyens de faire emboutir les pièces ailleurs, et que le rapport de force est en faveur des grévistes. Ceux-ci l’ont envoyé promener : ils continueront la grève, soutenus par une unité syndicale CGT-FO-CFDT : « Ici, il n’y a plus de différence entre les syndicats, il n’y a que des grévistes ! »

Stellantis fait peser sur les sous-traitants des conditions toujours revues à la baisse que ceux-ci s’empressent de faire peser sur leurs salariés. Les grévistes de MA France cherchent déjà à prendre contact avec d’autres potentiellement menacés. Carlos Tavares, avec ses 100 000 euros par jour, et les actionnaires de Stellantis qui se partagent 18 milliards de profits ont largement les moyens de maintenir tous les emplois et les salaires !

Léo Baserli, 23 avril 2024