Nos vies valent plus que leurs profits

Macron à la télé… Ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut la fermer !

Il a certainement fallu des heures de préparation minutieuse entre les équipes de l’Élysée et de TF1 pour choisir les invités, leur ordre de passage, calculer les scénarios qui ont permis à Macron d’apparaître tour à tour comme un financier responsable face à Sophie Binet, comme presque de gauche face à celle qui lui a succédé, à savoir la lobbyiste ultra-libérale Agnès Verdier-Molinié, puis bien réac en allant systématiquement dans le même sens que le facho de service, Robert Ménard, le maire d’extrême droite de Béziers complaisamment affiché par TF1 comme « divers droite » : davantage de prisons, davantage de droits pour les flics municipaux, d’interdictions, de répression…

Après avoir versé une larme face à un médecin urgentiste faisant état de la détresse absolue des populations de Gaza, Macron a « condamné » le gouvernement israélien. Avec quelle conséquence pratique ? Mais aucune ! Puisque « celui qui a le levier, c’est le Président Trump ». Avec des « condamnations » aussi radicales, les Netanyahou du monde entier ont de beaux jours devant eux.

À une Sophie Binet qui lui réclamait de bien timides mesures contre les licenciements – les habituelles « solutions » de la CGT : moratoire sur les licenciements et non interdiction, nationalisations –, il a brandi des chiffres bidonnés sur les « millions » d’emplois qu’aurait créés sa politique « de l’offre ». La réalité, c’est que, par exemple de 2018 à 2021, il a été créé de l’ordre d’1,7 million d’emplois. Avec, sur la même période, plus de 140 milliards par an de subventions publiques aux entreprises – chiffre cité en 2018 par Darmanin, alors ministre des Comptes publics. Cela fait une coquette somme de plus de 300 000 euros par emploi créé. Sur quatre ans, ça aurait coûté bien moins cher que l’État crée les emplois directement, dans les hôpitaux, les écoles… Mais il est vrai que cet argent est allé dans la poche des actionnaires et non dans celle des salariés embauchés.

On aurait aimé que, devant les refus de Macron de s’intéresser autrement qu’en paroles au sort des centaines de milliers de travailleurs licenciés ou menacés de l’être, Sophie Binet prenne les travailleurs à témoin de l’inutilité de compter sur ceux qui nous dirigent et de se préparer à se battre. Mais rien.

Plus de trois heures de Macron à la télé, un bon somnifère pour celui qui avait par mégarde ouvert son poste sur cette chaîne-là !

J.-J. F.