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Manifester pour la Palestine : acte symbolique ou élément important dans le rapport de force ?

Manifestation à Londres

Les prouesses terroristes du Mossad, qui a réussi à piéger les beepers des cadres du Hezbollah, et l’extension du périmètre des opérations guerrières d’Israël dans la région ne peuvent que pousser à se demander : mais jusqu’où iront-ils ? Est-il possible de les arrêter ? Le soutien acharné des grandes puissances à Israël dans son escalade sanguinaire nourrit même chez bien des travailleurs un sentiment d’impuissance : avec un tel soutien, de toute façon, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Mais c’est précisément le rôle de ce soutien qui constitue probablement la grande faiblesse d’Israël.

Israël, un État fortement dépendant du soutien des grandes puissances

Israël n’est pas une grande puissance impérialiste comparable aux États-Unis ni même à la France : c’est un État-gendarme à leur service dont la mise en place aurait été impossible sans leur soutien. Un soutien financier, militaire et diplomatique qui ne s’est pas démenti depuis sa naissance en 1948.

Depuis cette date, le pays a reçu 158 milliards de dollars d’aide militaire des États-Unis, ce qui en fait le plus grand bénéficiaire de l’histoire, avec une nette accélération à partir de l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie en 1967. Dans les années 1950 et 1960, la France a joué un rôle clé dans l’acquisition par Israël de l’arme nucléaire. Plus récemment, le fameux système anti-missiles ultra-moderne « Dôme de fer » a été mis en place en 2011 grâce à l’étroite collaboration de l’armée israélienne avec les États-Unis, qui ont mis tout leur savoir-faire technologique au service de l’État sioniste. Barack Obama a signé en 2016 un plan sur dix ans, portant l’aide militaire à 3,8 milliards de dollars en 2023. Une rallonge budgétaire a été décidée… Biden avait de toute manière annoncé que les États-Unis reconstitueraient le stock de munitions utilisées par l’armée israélienne lors de la guerre actuelle contre Gaza.

Imaginons un instant qu’Israël soit privé du soutien financier et militaire des États-Unis et des autres grandes puissances : sa puissance de feu serait bien moindre.

Le double résultat de l’offensive israélienne

L’offensive génocidaire et guerrière d’Israël depuis octobre 2023 n’a pas seulement semé le sang et la mort en renforçant la domination de l’État sioniste sur la région. Elle a aussi sapé la légitimité d’Israël auprès de millions de jeunes et de travailleurs à travers le monde. Israël est peut-être en train de scier la branche sur laquelle il est assis… L’hypocrisie sans limite des gouvernements impérialistes – qui, d’un côté, condamnaient Poutine en raison de l’invasion de l’Ukraine, en mettant tout leur poids derrière Zelensky, et, de l’autre, le soutien sans faille à Israël dans son offensive génocidaire et coloniale – a marqué l’opinion publique mondiale. Et la jeune génération aux États-Unis penche en majorité pour le soutien à la Palestine, pour la première fois depuis des décennies. D’où l’acharnement répressif contre le mouvement de solidarité. On se souvient de l’écho international des occupations des facs américaines.

Le mouvement international de solidarité avec la Palestine – avec ses manifestations partout dans le monde, et aujourd’hui aussi avec le Liban – joue un rôle essentiel : il permet non seulement de briser le sentiment d’isolement des Palestiniens, mais aussi de saper l’un des piliers de la puissance de l’État sioniste, à savoir le soutien occidental.

Plus les manifestations au Caire, à Johannesburg, à Casablanca, Madrid, New York, Londres ou Paris seront massives, plus elles s’encourageront les unes les autres, et plus elles donneront confiance aux travailleurs pour prendre dans leurs propres mains la solidarité, avec leurs propres méthodes : le soutien à Israël doit figurer en bonne place des motifs de s’opposer à nos gouvernements, que ce soit dans le « Grand Moyen-Orient » ou en Europe et en Amérique. Une journée de grève a été appelée par plusieurs organisations syndicales dans l’État espagnol le 27 septembre. Elle a été minoritaire, mais elle indique la marche à suivre : imaginons des débrayages et des grèves en soutien aux peuples palestiniens et libanais, non seulement dans la jeunesse scolarisée mais aussi dans les entreprises, qui mettraient en cause la politique de l’impérialisme américain et la complicité de la France. Voilà une forme de solidarité de classe, un internationalisme en actes qui ébranlerait nos dirigeants politiques, mais aussi le patronat de ces nombreuses entreprises qui, aux États-Unis, en Allemagne ou en France, fournissent les armes qui permettent aux dirigeants israéliens de mener leurs exactions.

Xavier Chiarelli

 

 


 

 

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