Nos vies valent plus que leurs profits

Maria Corina Machado, Nobel de la paix à la solde de l’impérialisme

Rencontre entre Maria Corina Machado et George W. Bush en 2002

C’était trop gros, le jury n’aura pas osé décerner le prix Nobel de la paix à Donald Trump, qui le réclame depuis plusieurs années. Il a préféré l’attribuer à une de ses alliés, Maria Corina Machado, récompensée pour son opposition à Nicolas Maduro, le dictateur du Venezuela. Anticommunisme chevillé au corps, l’ancienne députée est une fervente défenseure de la propriété privée, surtout depuis l’expropriation par le régime de l’empire capitaliste hérité de son père. Ses opinions lui valent le surnom d’Augusta Pinocheta, version féminine du dictateur chilien. Figure de la droite extrême et soutien inconditionnel de l’impérialisme, de Trump, Milei et Netanyahou, Corina Machado a grandi dans les quartiers bourgeois de Caracas, avant de terminer ses études aux États-Unis et de revenir au pays dans le siège confortable de l’entreprise familiale. Militante d’une « paix » toute relative, elle a également soutenu l’embargo américain sur le pétrole, dont les travailleurs vénézuéliens font les frais.

Loin de nous l’idée de défendre le régime de Maduro, dans lequel une poignée de privilégiés accapare toutes les richesses en principe nationalisées, faisant du Venezuela un pays riche peuplé de pauvres. Contre ce gouvernement autoritaire qui se drape sans honte sous une étiquette « socialiste », nous soutenons le combat de Jean Mendoza, ouvrier syndicaliste d’une usine de bois, exemple parmi d’autres d’une lutte pour les salaires et les conditions de travail qui lui ont valu prison, persécution et criminalisation.

Écrasés par un régime autoritaire qui réprime toute mobilisation, les Vénézuéliens émigrent en masse, à la recherche de conditions de vie moins misérables ailleurs. Et Trump ne manque pas de les faire payer, les expulsant vers les prisons du Salvador. Sous prétexte d’opération antidrogue, Washington tente de déstabiliser Caracas. En septembre, l’armée américaine a coulé au moins quatre embarcations au large du Venezuela. Une agression de plus de l’impérialisme contre un régime qui lui tient tête sur le contrôle du pétrole. Les rivalités bourgeoises s’arrêtent à la porte des profits, et malgré leurs confrontations, les dirigeants des deux pays savent aussi s’allier quand leurs intérêts s’alignent. L’entreprise américaine Chevron continue ainsi d’exploiter le pétrole du Venezuela. Tout comme Macron, qui sait mettre de l’eau dans son vin dès lors qu’il s’agit de boycotter les hydrocarbures russes. Dans la bouche du dirigeant français, le « dictateur Maduro » de 2018 avait été remplacé par le « président Maduro » en 2022, au moment de l’invasion de l’Ukraine. Voilà ce que vaut « la paix » pour les dirigeants de ce monde. Aujourd’hui, Trump veut reprendre la mainmise directe de l’Amérique latine de plus en plus associée à la Chine. Ce prix Nobel annonce un bon retour peu pacifique de la loi du fric.

14 octobre 2025, Lamine Siout