Les patrons de la grande distribution, préfet et élus se félicitent de la signature d’un accord le 16 octobre. Les représentants du RPPRAC (le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens) à l’origine d’un mouvement qui dure depuis bientôt deux mois, ont refusé de signer ce que la population dénonce comme un « accord au rabais ». Les manifestants affirmant que « les choses ne font que commencer ».
L’accord prévoit une baisse de 20 % sur seulement un peu plus de 6 000 produits, alors que les prix de l’alimentaire sont en moyenne 40 % plus élevés que dans l’Hexagone – certains produits sont trois ou quatre fois plus chers qu’en France métropolitaine. Or la baisse ne concerne ni le poulet, ni la viande, le poisson frais ou les légumes autres qu’en conserve.
La baisse de 20 % serait obtenue par la suppression de la taxe régionale d’octroi de mer et de la TVA sur les produits concernés, sans que les patrons prennent sur leurs marges faramineuses. Pour compenser cette baisse, l’accord prévoit de déporter les suppressions de taxes sur d’autres produits non identifiés, dont le prix pourrait alors encore augmenter ! Quant aux aides au transport prévues par l’accord, elles reviennent à subventionner la CMA-CGM (l’armateur de porte-conteneurs français), qui a déjà fait 23 milliards de bénéfices en 2022 ! Et, surtout, rien ne garantit que la grande distribution répercute réellement ces baisses de prix. Lors des négociations, secret commercial oblige, il n’a jamais été question des profits des quelques grands békés, descendants des colons esclavagistes, qui contrôlent l’économie des Antilles françaises.
Alors, le mouvement se poursuit. Vendredi 25 octobre, à l’appel du RPPRAC1 et des syndicats, des centaines de manifestants vêtus de leur emblématique tee-shirt rouge menaient une action devant les zones commerciales du Lamentin, en périphérie de Fort-de-France. La veille, ils organisaient une opération escargot sur la route de l’aéroport. Les jeunes continuent à ériger des barrages routiers, avec de nombreuses confrontations avec les gendarmes et les CRS, dont de nouvelles compagnies sont arrivées sur l’île fin octobre. Car la principale réponse de l’État français, face à ce mouvement social, a été la répression et l’instauration du couvre-feu.
La CGT de Martinique appelle à étendre la mobilisation sur la question des salaires, des pensions et des minimas sociaux. De quoi faire prendre au mouvement encore plus d’ampleur, vers une grève générale comme celle de 2009 ?
29 octobre 2024, Lydie Grimal
1 « Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens »