Partout dans le monde, depuis plusieurs semaines, la jeunesse est mobilisée en soutien au peuple palestinien et contre la politique coloniale d’Israël et ses alliés impérialistes.
En Espagne, la colère des étudiants s’organise
Les mobilisations étudiantes dans l’État espagnol ont été nombreuses ces dernières semaines avec deux grèves à l’échelle nationale, des blocages et plusieurs rassemblements. Les comités et assemblées générales en soutien au peuple palestinien se sont mis en place dans beaucoup d’universités, de Madrid à l’Andalousie. Les étudiants et étudiantes qui luttent tentent de se regrouper dans une coordination nationale (comme celle des camarades de Grenade et des Canaries) et d’établir des liens avec les travailleurs. Dans les secteurs directement liés avec l’industrie de l’armement, des mobilisations existent, notamment chez les ouvriers des ports à Barcelone et à Cadix, qui ont bloqué le transport des armes à l’État génocidaire d’Israël, malgré les tentatives de répression. Celles-ci touchent aussi les étudiants, comme à Grenade où trois d’entre eux sont menacés de sanctions.
Sur les campus américains : « Not in our name »
Le 4 novembre dernier à Washington, le mouvement de solidarité avec la Palestine rassemblait 300 000 manifestants, la plus grosse manifestation pro-palestinienne de l’histoire des États-Unis. Au cœur de la citadelle impérialiste, principal soutien d’Israël, cette mobilisation profonde secoue les États-Unis depuis début octobre et met en mouvement des fractions significatives de la communauté juive qui refusent que le massacre soit perpétré en leur nom, mais aussi des travailleurs qui s’opposent à l’acheminement des armes vers Israël, en lien avec la jeunesse étudiante.
Le 12 octobre, quelques jours après le début des bombardements sur Gaza, s’organisaient aux États-Unis les premières marches étudiantes pour la Palestine. À l’initiative, des groupes comme Students for Justice in Palestine (SJP), une organisation étudiante pro-palestinienne proche du Fatah (fondée il y a 30 ans et implantée dans de nombreux campus), mais aussi des collectifs d’étudiants nés spontanément à cette occasion dans une douzaine d’universités, cela s’est rapidement propagé à travers tout le pays. Des universités les plus prestigieuses, à commencer par Harvard, aux « Community Colleges » entraînant des dizaines de milliers de jeunes contre leur propre gouvernement, à travers des rassemblements, manifestations des sit-ins et des occupations.
À Harvard, début octobre, 34 organisations de jeunesse rédigeaient un appel à la mobilisation pour arrêter Israël. Au point d’indigner le milliardaire Bill Ackman, qui a voulu rendre publics les noms des signataires de l’appel et alimenter une campagne de harcèlement à l’encontre de ces étudiants. Des campagnes de harcèlement devenues pratiques courantes, encouragées par les directions d’universités, dont de nombreux militants du mouvement se retrouvent victimes. Malgré ces tentatives, les étudiants mobilisés refusent de se laisser bâillonner et leur lutte continue de peser sur le gouvernement américain, tout en appuyant les mobilisations du monde entier !
Même en Israël : des dizaines de rassemblements et manifestations ont vu des milliers de Juifs et de Palestiniens manifester contre la colonisation à Nahef, Tamra, Tel Aviv, Abou Gosh , Haïfa, Baqa al-Gharbiyye , Lod et Jérusalem, alors qu’un tiers des étudiants est appelé dans les casernes sous le régime de la conscription (à l’heure actuelle, les universités sont toujours fermées).
En France, Macron entre répression et rhétorique d’extrême droite
Le gouvernement français a d’ailleurs bien compris le caractère explosif de cette politisation de pans entiers de la jeunesse et du monde du travail : nous avons les moyens de faire plier nos gouvernements, c’est pour ça qu’ils essaient de nous intimider !
À Strasbourg, les Renseignements généraux s’invitent et photographient les étudiants lors des réunions universitaires de soutien à la Palestine. La ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, en lien avec le président de l’université de Nanterre, M. Gervais-Lambony, se joint au concert de calomnies lancé par la presse bourgeoisie (Le Figaro, Le Point, Le Monde) contre les étudiants mobilisés qui feraient vivre « une terreur antisémite » sur le campus de Nanterre. Quelle hypocrisie ! N’était-ce pas le gouvernement Macron qui manifestait il y a quelques semaines avec les héritiers de Pétain ?
À Grenoble, à la suite d’une plainte du Crif, le préfet a interdit une réunion publique du NPA. À Paris, c’est la mairie d’Hidalgo qui a annulé une rencontre avec la militante Angela Davis et la philosophe américaine Judith Butler, membre de « Jewish Voice for Peace » (Voix juives pour la paix), encore et toujours au même prétexte calomnieux d’antisémitisme.
Par ces intimidations, le gouvernement et ses relais cherchent à entraver la mobilisation. Les calomnies et la répression ne nous feront pas taire.
Suzanne Vardès, Loïe Florès
(Article paru dans le numéro 8 de Révolutionnaires)