Nos vies valent plus que leurs profits

Mayotte : le mépris colonial

En marge de la commémoration pour le premier anniversaire du passage du cyclone Chido à Mayotte, la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, tenait un point presse. Elle s’est énervée mais n’a pas répondu lorsque l’envoyé spécial du quotidien L’Humanité lui a demandé :« Comment expliquez-vous que l’État français n’ait pas lancé d’enquête pour connaître le véritable bilan humain du cyclone ? » Une question qui fâche, car il est probable que des centaines, voire des milliers, de morts étaient des migrants comoriens et africains que les autorités ne cessent de pourchasser, qui vivent dans des conditions indignes et ont été les premières victimes du cyclone. Et là la responsabilité de l’État français est engagée.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais, peu après, le préfet, François Xavier Bieuville, entouré de militaires et de fonctionnaires, s’est planté devant les journalistes, les menaçant de poursuite et déclarant : « Ce que vous venez de faire est un scandale journalistique, votre liberté de la presse s’arrête où commence la justice… » Il faut dire que ce haut fonctionnaire jouit de pouvoirs étendus du fait notamment que depuis un an l’état d’urgence s’applique toujours dans l’archipel. Dans un passé récent il a menacé de « couper les couilles » à un journaliste qui voulait faire le point sur la situation sanitaire. Il aurait aussi lancé à l’un des quatre parlementaires mahorais : « Votre patron, c’est moi. »

La ministre et le préfet, deux dignes représentants de l’oppression et de la morgue coloniale.