Nos vies valent plus que leurs profits

Menaces sur la prime Ségur

Pas de « changement de cap », Lecornu a confirmé vendredi dernier vouloir priver le budget de la santé de 5 milliards d’euros, comme le voulait déjà Bayrou. Il est allé jusqu’à déclarer, lors d’une visite à l’hôpital de Mâcon, que la dette était due au fait qu’on avait « beaucoup investi dans les hôpitaux, en particulier dans les rémunérations » ! De quoi s’étouffer… quand on voit l’état des hôpitaux, les conditions de travail et les salaires des soignants. Même discours pour Agnès Buzyn, l’ancienne ministre de la Santé, qui a carrément dit que c’était la faute du Ségur si l’État était endetté. La prime Ségur avait été arrachée par la mobilisation des soignants après la crise du Covid. Celles et ceux qui, du fait de la casse organisée de l’hôpital, avaient travaillé dans les pires conditions, en première ligne, sans aucun matériel – et que le gouvernement s’était contenté d’applaudir, tout en les privant des moyens de travailler. Par la grève et la mobilisation, les hospitaliers s’étaient fait entendre et avaient décroché cette prime, pérennisée ensuite sous la forme d’un complément de traitement indiciaire, et étendue – en partie seulement ! – au social et médico-social, sous la pression de la mobilisation. Une manière pour le gouvernement de ne pas lâcher de vraies augmentations de salaire, mais cela faisait bien longtemps qu’une telle somme n’avait pas été décrochée ! Alors la suppression de cette prime aurait de quoi mettre le feu aux poudres ! Les coupes budgétaires, c’est toujours pour les mêmes : la santé, l’éducation… Pour les patrons ou l’armement, c’est tapis rouge et subventions.

Emma Martin