Annonce le 5 novembre des fermetures des sites de Vannes et de Cholet : 1 300 suppressions de postes et 2,5 milliards de dividendes du groupe Michelin. Les travailleurs en grève refusent d’être des chiffres sur des bilans comptables. Des paysans de la région de Cerizay (Deux-Sèvres) viennent tous les jours faire gratuitement des repas chauds aux grévistes avec des militants choletais.
Une mobilisation… avec méthode !
Après le rassemblement à Clermont-Ferrand au siège du groupe et les contacts pris avec les autres sites, dont celui de Vannes, il fallait ancrer la grève à Cholet et la faire vivre. Le piquet à l’entrée principale a été monté, difficile à tenir. C’était sans compter sans les idées géniales du directeur de l’usine qui a demandé l’intervention des pompiers pour un simple feu de pneus maîtrisé devant l’usine. Ce qui a provoqué un rebond de la colère et de la mobilisation. Mais le temps est compté : le process de production de la gomme cessera bien avant la fermeture.
À côté de l’intersyndicale, un comité d’organisation (une dizaine de collègues) a été mis en place afin de lier syndiqués et non-syndiqués et prendre les décisions par des votes à main levée (dans des AG de près de 130 personnes en moyenne). Premier résultat : renforcement du piquet empêchant l’arrivée de la matière première, tout en s’adressant à la population sur les marchés et aux jeunes d’un CFA. L’AG suivante du mardi 19 novembre a discuté de la politique à mener auprès des indécis et des non-grévistes. Succès d’avoir fait échouer dans le calme un coup de force de nuit de la direction pour faire entrer de la matière première. La direction avait assigné au tribunal d’Angers sept travailleurs pour entrave à la « liberté de travailler » ? 72 sont montés de Cholet pour se retrouver avec des délégations de Valeo et Scania à près de 200 au tribunal… qui a demandé une médiation.
S’ancrer, s’entourer, s’étendre
Mais les travailleurs en lutte de Michelin ont aussi une politique : s’ancrer, s’entourer, s’étendre. L’assemblée de près de 130 travailleurs a adopté un plan en six points : imposer la présence du comité d’organisation aux négociations entre patronat et intersyndicale pour avoir un œil de la base ; maintenir le piquet même en cas de reprise du travail ; aucune sanction contre les sept collègues et arrêt des poursuites ; paiement des jours de grève ; organisation des négociations à Nantes pour permettre aux Vannetais de venir. Les négociations prévues les 26, 27 et 28 novembre ont été repoussées sans date par la direction.
Correspondants