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Mineurs isolés de Rouen : la lutte jusqu’à la victoire !

Le collectif des jeunes mineurs isolés est installé depuis vendredi 2 mai devant la préfecture pour défendre les droits à une prise en charge par l’aide sociale à l’enfance, à un logement et à une scolarisation. Sept semaines de campement, dans des conditions très précaires : sans eau courante, sans sanitaires, sans électricité, au rythme des coups de pressions de la BAC et des provocations des fachos, encouragés par les rafles de Retailleau. Mais aussi sept semaines de solidarité exemplaire de dizaines de militantes et de militants se relayant nuit et jour sur le camp, de gestes de soutien de riverains, d’associations, de dons alimentaires et financiers. Et surtout sept semaines de lutte : rassemblements, manifestations, rencontres avec les élus, conférences de presse, concerts de solidarité, repas partagés avec les voisins, diffusions de tracts, participations à des événements sportifs, confection de banderoles, de pancartes…

C’est une énergie sans pareille que ces jeunes, venus au péril de leur vie depuis l’Afrique de l’Ouest ont déployée pour se faire entendre et rendre visible leur précarité « organisée » par l’État. Et par le département de Seine-Maritime, qui soupçonne systématiquement tous ces jeunes hommes de mentir sur leur âge, sans jamais prendre le temps de vérifier leur état civil auprès des consulats de leur pays. Peu échappent à des « tests osseux », une technique sans aucun fondement scientifique utilisée pour priver de leurs droits une bonne partie de ces jeunes.

Concernant la scolarisation, le blocage est actuellement total. Malgré plusieurs manifestations devant le rectorat, plusieurs audiences avec différents représentants de la rectrice de Normandie, celle-ci persiste à refuser la scolarisation à plusieurs jeunes pourtant reconnus mineurs. Elle persiste aussi à refuser de scolariser ceux qui sont en procédure de recours ou d’appel pour faire valoir leur minorité, pourtant attestée par des papiers officiels qu’ils ont présentés. Lundi 23 juin, la colère a éclaté devant les hautes grilles bien fermées du rectorat alors que la rectrice était à l’intérieur, indifférente à leur sort. Après trois heures de slogans et de percussions sur les portes, il a été décidé un nouveau rassemblement dès le lendemain matin, cette fois devant l’inspection académique. Cette pression est également renforcée sur le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer Rossignol, qui affirme son soutien et à qui il est désormais demandé un geste concret pour une mise à l’abri immédiate de ces enfants privés d’école et de logement, au mépris de tous les droits humains.

Correspondants