C’est en tout cas l’avis du procureur de la République qui demande un non-lieu dans l’affaire de l’éborgnement par un policier de Sébastien, cheminot syndicaliste à SUD-Rail, lors de la manifestation parisienne du 23 mars 2023 contre la réforme des retraites.
Pourtant, l’enquête démontre que Sébastien était juste en train de manifester et qu’il avait même les mains dans les poches au moment du tir de grenade. Quant au policier auteur des faits, il a été identifié et n’avait pas cru bon de signaler dans son rapport sur la manifestation qu’il avait eu recours à un tir. Mais comment s’étonner qu’un représentant de l’État, en la personne du procureur de la République de Paris, plaide pour le non-lieu dans pareil cas quand dans le même temps la Justice classe sans suite les violences policières commises sur quatre personnes blessées grièvement lors de la manifestation à Sainte-Soline contre les méga-bassines et qu’un autre représentant de l’État, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, porte plainte contre l’humoriste Pierre-Emmanuel Barré pour une chronique où sont dénoncées les violences policières ?
La nouvelle de l’éborgnement de Sébastien avait suscité colère et émoi chez les cheminots, en particulier chez celles et ceux qui connaissent personnellement ce militant infatigable et dévoué. Si la Justice décidait de suivre le réquisitoire du procureur de la République, le combat pour lui rendre justice ainsi qu’à toutes les victimes de violences policières ne s’en arrêterait pas là, indissociable du combat pour changer ce monde d’injustices et de misère que les dirigeants maintiennent par la violence.
Franck Rouvier