Nos vies valent plus que leurs profits

Notre-Dame de Bétharram : le mensonge coûte que coûte

Des années 1950 aux années 2010 au moins, le collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, vieille institution catholique des Pyrénées-Atlantiques, a été le cadre de violences physiques, d’agressions sexuelles et de viols. Alors que ces lignes sont écrites, 114 anciens élèves ont déposé des plaintes.

François Bayrou, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques de 1992 à 2008, ministre de l’Éducation de 1993 à 1997, père d’enfants scolarisés dans l’établissement et époux d’Élisabeth Bayrou, enseignante de catéchisme à Bétharram, pouvait-il l’ignorer ?

Oui, selon lui.

Non, selon la presse de l’époque, Bayrou ayant apporté son soutien à l’établissement lors d’une cérémonie en 1996 en compagnie d’une ribambelle de politiciens et de notables locaux, alors même qu’un camarade de classe d’un de ses fils avait perdu 40 % de son audition à cause d’une gifle donnée par un surveillant et avait par la suite été forcé de rester dehors de nuit, par zéro degré, en slip et T-shirt.

Non, selon une professeure de mathématiques qui avait écrit au ministre pour lui parler du climat de violence dans l’établissement.

Non, selon le juge d’instruction qui enquêtait sur le père Silviet-Carricart, directeur de l’institution mis en examen en 1998 pour « viol et agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans », que Bayrou a rencontré pour l’interroger sur l’affaire. Deux ans plus tard, le prêtre se suicidait et Élisabeth Bayrou se rendait à ses obsèques…

Aujourd’hui, même l’Église reconnaît une grande partie des faits, qui n’ont, pour l’essentiel, pas touché des fils de la bourgeoisie locale, mais des orphelins, des enfants de parents divorcés et quelques enfants rebelles, sur les familles desquels des pressions ont été exercées afin de faire régner le silence.

Voilà ce que Bayrou, champion de l’école privée – relevant à 97 % de l’enseignement catholique ! – défend à travers ses mensonges : une école odieusement réactionnaire, l’impunité de la veille bourgeoisie qui y a été formée et la société qu’elle veut maintenir à son image : abjecte.

J.-B. Pelé