En octobre, plusieurs mouvements de colère ont eu lieu à Alstom, Safran ou PSA contre l’application de la nouvelle convention collective nationale de la métallurgie qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain. Fruit de sept ans de négociations, signée par FO, la CFDT et la CGC, concernant 1,6 million de métallurgistes et 42 000 entreprises, elle va permettre au patronat d’augmenter son arsenal de guerre contre les salariés.
Pour tous, la grille des salaires basée depuis des décennies sur des coefficients disparaîtra. Le salaire sera déterminé par le poste occupé, et ne tiendra plus compte des diplômes ni du passé professionnel du salarié.
Les droits des salariés seront nivelés par le bas, avec perte de rémunération possible en cas de changement d’emploi, baisse des primes et congés, augmentation de la période d’essai, fin des particularités régionales, notamment sur les jours fériés et sur les primes… Des accords, entreprise par entreprise, définiront les applications concrètes, pour ainsi atomiser les possibles réactions.
Dans les usines PSA-Stellantis
À PSA-Stellantis par exemple, la direction veut faire valider un accord local qui ferait passer le maximum de jours de congés d’ancienneté de 6 à 5 jours, baisserait la majoration de 18 % à 15 % pour la nuit et baisserait celle des équipes VSD (vendredi, samedi et dimanche)… La direction annonce elle-même des baisses des salaires mensuels, dès janvier 2024 : jusqu’à 132 euros pour un ouvrier de nuit, 196 euros pour des ouvriers en VSD de nuit.
Le projet d’accord de PSA prévoit bien deux indemnités compensatrices pour qu’il n’y ait pas de perte pour les salariés (mais pas pour les nouveaux embauchés et les intérimaires). Mais ces indemnités diminueront à chaque augmentation de salaire… au final le salaire sera bloqué pour des années et le pouvoir d’achat pulvérisé par l’inflation.
L’ancienne convention, plus favorable aux salariés puisque imposée par des luttes d’ampleur de 36 ou 68, avait déjà été affaiblie et comportait dès l’origine toute une logique corporatiste qui fractionnait les métallurgistes en de nombreuses catégories. Que ce soit avec l’ancienne ou avec la nouvelle convention, le problème fondamental des travailleurs reste de se défendre, non pas seuls, mais avec des mots d’ordre communs : pour les même droits, nivelés par le haut, pour 400 euros de plus pour tous, pas de salaires sous 2 000 euros, l’indexation des salaires sur les prix… et donc pour le refus de cette nouvelle convention collective !
Correspondants
(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 7, novembre 2023)