Nos vies valent plus que leurs profits

Palestine, Liban, Syrie, Yémen la politique de gendarme d’Israël

Dimanche 11 mai, l’armée israélienne a annoncé son intention de bombarder trois ports au Yémen en appelant la population à évacuer préventivement ces villes. « Fuyez de chez vous avant de mourir sous les décombres », quelle préoccupation humanitaire ! Sont visés le port pétrolier de Ras Isa où un bombardement américain, le 24 avril, avait déjà fait 74 morts, près de 200 blessés et détruit l’essentiel des installations portuaires, celui d’Al-Salif dont l’aciérie voisine avait aussi été bombardée par les États-Unis en mars et celui d’Hodeïda, la troisième ville du pays (500 000 habitants) où les premières frappes israéliennes ont commencé lundi 12 mai. Une semaine plus tôt l’aéroport de la capitale yéménite, Sanaa, avait été plusieurs fois déjà frappé par des bombardements américains et israéliens.

Au Liban, malgré le cessez-le-feu signé le 27 novembre après deux mois d’invasion du pays, qui avait fait 4 000 morts, plus d’un million de déplacés et détruits plus de 100 000 habitations, l’armée israélienne ne s’est jamais entièrement retirée. Elle a encore fait il y a une semaine plusieurs bombardements sur le sud du pays sous prétexte d’en éliminer le Hezbollah. En Syrie, Israël, après avoir étendu la zone du Golan syrien qu’il a annexée, vient de bombarder le palais présidentiel en guise d’avertissement au nouveau régime et voudrait imposer sa loi.

Pour mener sa politique expansionniste, vider Gaza, annexer tout Jérusalem et coloniser toute la Cisjordanie, Israël entend s’imposer en gendarme de la région. L’un ne va pas sans l’autre. Netanyahou n’en a pas la primeur. C’est dans la lignée de toute la politique sioniste, celle de créer, sous la houlette et avec l’appui des grandes puissances, un pays sur le dos des peuples qui y habitaient déjà, celle qui s’est traduite pas toutes les guerres successives : guerre de 1948 dès la création d’Israël, opération de Suez en alliance avec la France et l’Angleterre en 1956, guerre des Six Jours en 1967, du Kippour à l’automne 1973, et plusieurs guerres du Liban en 1982, 2006 et 2024, en plus des guerres et opérations militaires récurrentes à Gaza et en Cisjordanie.

La population israélienne elle-même le paye. Mais toujours présentées comme des opérations de défense, en cultivant le nationalisme par l’utilisation du souvenir de l’oppression du peuple juif et du génocide nazi, ces guerres d’oppression menées par l’État d’Israël ont jusqu’ici suscité trop peu de réactions dans la population israélienne. Les manifestations qui se sont tout de même multipliées ces derniers temps contre Netanyahou se sont jusque-là surtout limitées à lui reprocher de sacrifier la vie des otages. Et à celle du lundi 12 mai, à l’occasion de la libération d’un otage israélo-américain, négociée directement avec le Hamas par les États-Unis, on voyait des pancartes demandant à Trump de mettre fin à la guerre. Ce Trump qui encourage Netanyahou à l’escalade. La poignée de manifestants qu’on a vu manifester il y a quelques semaines brandissant des photos d’enfants de Gaza assassinés sont encore minoritaires. Et pourtant, ils rappellent cette vérité que les Israéliens sont tous des otages de la politique guerrière de leur État, qu’un peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre.

Olivier Belin