Bien qu’il ait laissé son ministère à la bourgeoise Amélie Oudéa-Castéra, qui met ses bambins dans le privé catholique, Gabriel Attal entend laisser sa marque avec une réforme de l’Éducation nationale qui fait du pied à l’extrême droite.
Fausses solutions, vraies attaques
Le projet Attal consiste à restaurer « l’autorité » à l’école. Ce sera donc « réarmement civique » et service national universel. La batterie d’annonces du président et de son Premier ministre tiennent de la démagogie réactionnaire, flattant les préjugés : c’était tellement mieux, au temps de l’uniforme et avant le collège unique !
Parmi les mesures proposées, les groupes de niveau en mathématiques et en français au collège, pour le rendre « modulaire ». Il y aura surtout un module pour ceux dont les parents ont du temps à leur accorder ou des moyens de leur payer des cours particuliers, et un autre pour les enfants de prolétaires. Attal choisit d’ignorer les travaux qui démontrent que les groupes de niveau ne font pas progresser les élèves les plus faibles. Ce n’est pas une erreur ou une surdité de la part du Premier ministre, c’est la politique d’une classe sociale, qui entend éduquer « l’élite de la nation » et mettre les autres à la garderie, puis au boulot, le plus vite possible.
Si « l’hétérogénéité » et « l’inclusion », qui consiste à placer des élèves très faibles ou avec des besoins spécifiques dans des classes de trente élèves sont un échec, c’est en raison du manque de moyens. En réalité, Attal prône une école qui organise davantage le tri social.
Et encore, si les moyens restaient constants… Mais l’État fait le choix des économies d’échelle. Dans le budget 2024, ce sont 2 500 postes qui ont encore été supprimés. « Un prof devant chaque élève », mon œil !
Comme pour les cours préparatoires dédoublés du premier mandat de Macron, il s’agira de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Les heures nécessaires pour mettre en place les groupes de niveau seront prises sur la dotation horaire globale, au détriment d’autres matières, et sur la base de la suppression de certains postes : ceux des profs de technologie par exemple, qui voient leurs heures diminuer – et même supprimées en sixième – et le recrutement baisser drastiquement.
Les 1er et 6 février : ce n’est qu’un début !
Le 1er février était la première journée de grève nationale dans l’Éducation depuis la rentrée, depuis Attal et surtout depuis Oudéa-Castera à l’Éducation. Les chiffres de grève étaient importants : 40 % dans les écoles et 47 % dans les collèges et les lycées, avec des pics selon les degrés et les départements. La combativité était visible dans les manifestations de nombreuses villes. À Paris, une partie du cortège a contourné le barrage des policiers pour aller scander aux oreilles de la ministre : « le groupe des nuls, c’est au ministère » !
La détermination ne manque pas. Des assemblées générales ont appelé à la poursuite de la mobilisation. Les syndicats ont appelé au 6 février. Il est clair que le gouvernement ne cédera pas en une journée.
Il s’agira, dans les prochaines journées de grève, de lier les revendications, de la maternelle au lycée, en passant par le collège, en posant la nécessité de se battre ensemble et de construire une grève reconductible. La date du 19 mars, journée de mobilisation intersyndicale de la fonction publique, pourrait être un point de ralliement de toute l’Éducation, aux côtés du reste de la fonction publique.
Car cette colère concerne aussi les salaires, rejoignant celle de tout le monde du travail, qui se paupérise sur fond d’inflation généralisée. Nous avons tout intérêt à inscrire la mobilisation de l’éducation dans un contexte de contestation globale… Et de jouer la gagne, tous ensemble !
Mona Netcha et Kai Azua
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 10, février 2024)