Onze ans après la fin de l’activité armée de l’organisation clandestine basque ETA et quatre ans après son auto-dissolution, deux militants basques, Béatrice Molle-Haran et Jean-Noël « Txetx » Etcheverry, sont jugés par le tribunal correctionnel de Paris pour « port, transport et détention d’armes et d’explosifs en relation avec l’organisation terroriste ETA ». Ils avaient été arrêtés le 16 décembre 2016 à Louhossoa, en plein cœur du Pays basque, avec trois autres de leurs camarades, aujourd’hui décédés, alors qu’ils mettaient hors d’usage un dépôt d’armes de l’ETA. Car, très loin d’être des « terroristes », tous étaient connus pour leur pacifisme et leur opposition à toute forme de lutte armée. Mais, après la décision de l’ETA de déposer les armes et le refus de Madrid et de Paris de négocier avec elle, ils avaient décidé d’accélérer les choses et de rendre inutilisables ses stocks d’armes. Même après leur arrestation ils continuèrent sur la même voie, cette fois avec l’accord tacite des autorités françaises et l’appui massif de l’opinion locale. Pour ce procès, ils ont reçu le soutien public de parlementaires, d’anciens ministres et préfets et de personnalités du monde des arts. Il est donc probable qu’ils ne risquent pas grand-chose. Mais par contre leur comparution sera peut-être l’occasion de rappeler qu’il y a encore plus de 150 prisonniers basques en Espagne et en France, dont certains croupissent en prison depuis plus de 30 ans.