Nos vies valent plus que leurs profits

Personne n’y comprend rien, film de Yannick Kergoat


1 heure 43, en salle

Un film à voir pour comprendre quelque chose de la faillite morale et politique des politiciens bourgeois dans l’affaire des financements libyens, et des conséquences sur ce pays, toujours plongé dans le chaos.

Condamné à trois ans de prison dans l’affaire des écoutes dite « Bismuth », dont il purge un an ferme sous bracelet électronique, celui qui était contre les aménagements de peine est désormais en procès depuis le 6 janvier dans l’affaire des financements libyens. Nicolas Sarkozy (car c’est de lui qu’il s’agit) est accusé d’avoir reçu 5 millions d’euros de la part du dictateur Khadafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007. Selon lui, « le scénario est invraisemblable » et « personne n’y comprend rien ». Qu’à cela ne tienne ! Fabrice Arfi et Karl Laske, deux journalistes à Mediapart qui enquêtent depuis dix ans sur le sujet, retracent l’affaire dans ses moindres détails dans ce documentaire sobre et très éclairant. Les preuves sont accablantes, et le documentaire vire au spectacle de clown lorsque les principaux accusés se justifient. Ainsi Claude Guéant, qui, en pleine campagne, a ouvert un coffre-fort à la BNP assez grand pour contenir un homme debout. Un coffre certes trop petit pour contenir l’égo de l’ex-président dont on voit de nombreuses images dans le documentaire, mais Guéant prétend que c’était « pour y stocker ses discours » !

Dans le monde politique bourgeois, quand une « affaire » est mise au jour, dix autres attendent d’être déterrées… ou pas ! Ce travail d’enquête journalistique est utile pour démontrer que cette corruption endémique est un sous-produit de la société capitaliste basée sur l’exploitation, ce vol de travail légalisé. Ce ne sont pas les empires de presse des Musk ou des Bolloré qui mènent ce genre d’investigations !

Rappelons enfin que Sarkozy a également été condamné en première instance et en appel pour avoir trafiqué ses comptes de campagne dans l’affaire « Bygmalion », et est prévenu dans quatre autres affaires. Pour reprendre ses mots, quelle indignité !

Martin Castillan et Thomas Swindon