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Politique anti-drogue : Retailleau sous excitants, la police euphorise

Il aura suffi que la journaliste Élise Lucet leur propose quelques tests salivaires de dépistage de la drogue pour que plusieurs députés, macronistes ou de droite, s’insurgent… Pourtant, une semaine plus tôt, ils applaudissaient quand les policiers de Retailleau réalisaient des dépistages des conducteurs de bus pendant leur service, prétendument pour réagir fermement après le tragique accident de car qui a coûté la vie à une adolescente. 23 900 tests plus tard, 102 travailleurs se sont fait attraper. Ce sont 102 de trop évidemment, mais cela fait moins de 0,5 % à l’échelle de la profession… Les députés auraient-ils peur de ne pas faire aussi bien ?

Le tout-répressif continue sans que la drogue ne recule

En attendant, ils commencent l’examen de la loi « narcotrafic », rédigée par deux sénateurs PS et LR, que leurs collègues ont votée à l’unanimité début février, avec le soutien du gouvernement.

Retailleau insiste pour que le parallèle soit fait entre lutte contre la drogue et lutte contre le terrorisme. Une formule stupéfiante, mais dont la signification est claire : il s’agit de renforcer les pouvoirs de la police. Pour dissimuler ses immanquables violences, une partie des informations ne rejoindra pas le dossier judiciaire mais se retrouvera dans un « dossier coffre », bien à l’abri des regards – la défense ne pourra pas connaître les techniques d’enquête utilisées, les flics auront carte blanche.

Rajouter des policiers ne réglera pas les problèmes de trafic et de violences qui pourrissent la vie des habitants dans les quartiers ouvriers, bien au contraire. Si le tout répressif fonctionnait, cela ferait longtemps qu’il n’y aurait plus de drogue en France ! Mais est-ce seulement l’objectif du gouvernement ?

La flûte contre la drogue

Pour que sa loi ne soit pas tout entière un renforcement de l’arsenal répressif contre les populations pauvres, Retailleau promet de s’attaquer aux réseaux de blanchiment d’argent… en autorisant les préfets à fermer des commerces. Lutter contre les milliards de la drogue en fermant deux snacks et trois supérettes ? L’argent des narco-bourgeois s’investit aux quatre coins du monde, dans l’immobilier, dans le luxe, par les mêmes circuits financiers que ceux des évadés fiscaux. Pas étonnant que Retailleau choisisse de détourner le regard de la bonne direction et réserve ses coups aux petites mains du bout de la chaîne.

Bastien Thomas