Mardi 14 novembre, 80 salariés ont débrayé pendant 2 heures 30 et ont paralysé la production. Auparavant, sur plusieurs jours, un total de 450 salariés s’étaient réunis pendant les pauses contre la suppression de centaines de postes et les heures supplémentaires.
En cause : la décision brutale de la direction de passer de trois équipes de production sur toute l’usine (matin, après-midi, nuit) à deux équipes avec une production désynchronisée : matin et nuit pour les secteurs ferrage-peinture, matin et après-midi pour le montage. Annoncée officiellement le 13 novembre, cette organisation est appliquée dès le 28 novembre : 15 jours après ! Ce passage en force bouleverse la vie des salariés : perte de poste, problème de garde d’enfants, de transport, perte de la prime de nuit…
Début novembre, il y avait 2500 CDI, 80 CDD, 425 intérimaires. Fin novembre, en une semaine, autour de 300 intérimaires ont donc été virés, et selon la direction, il y aurait 350 CDI en sureffectif. Dans les prochaines semaines, d’autres dizaines d’intérimaires et CDD ne seront pas non plus renouvelés, des dizaines d’emplois de sous-traitants sont menacés et la direction propose avec insistance plus de 400 postes temporaires aux CDI sur d’autres sites PSA en France… avec une incertitude sur les conditions de retour. Pour la direction, le sureffectif n’empêche pas les heures supplémentaires : le passage à deux équipes s’accompagne de deux ou trois samedis travaillés chaque mois pour la plupart des salariés et de deux dimanches pour les autres restés en nuit.
Pour toute justification, la direction annonce une baisse des ventes des voitures, surtout électriques : passage de 14 000 voitures produites par mois (25 % d’électriques) à 11 000 (13 %). La direction a fait le choix de garder une production de nuit, car EDF donne de l’argent sur ces plages horaires ! Elle dit qu’en juin, elle se poserait le problème de passer à moins de deux équipes (une ou une et demi ?). À ce jour, les ouvriers ne savent pas si nous allons vers une fermeture de l’usine pour 2027 ou vers une reconfiguration du site pour un nouveau véhicule avec beaucoup moins d’effectifs. Quoi qu’il en soit, le but de cette nouvelle organisation est d’augmenter la rentabilité, en exploitant encore plus les salariés restants tout en faisant moins de voiture. À quoi les ouvriers grévistes ont répondu : « S’il y a moins à produire, alors stoppons les heures sup’ obligatoires, maintenons tous les postes, toutes les équipes et exigeons la baisse de la cadence ! »
Correspondants, 2 décembre 2023