
Cinq buts. Multipliez par mille, et vous aurez le chiffre du dispositif policier pour « couvrir », ou plutôt réprimer, la fête après la victoire du PSG : plus de 5 000 policiers dans les rues de Paris pour accueillir les banlieusards comme il se doit, c’est-à-dire avec sommations et coups de matraque.
Raison officielle ? « Débordements » et pillages du luxe insolemment exposé dans le quartier des Champs-Élysées – certains pourraient aussi y voir une forme de rétablissement de l’impôt sur la fortune… Pour arriver à près de 600 interpellations, 300 gardes à vue et, finalement, moins de 5 % de condamnations, principalement sur la base de témoignages policiers, sans preuves donc, pour rappeler que la milice du capital est intouchable.
Ces interpellations massives, souvent violentes, seraient la preuve d’une société qui s’ensauvage ? Ou celle d’une loi de la physique, provocation-réaction ? Plus le dispositif policier est visible et agressif… plus la « délinquance » augmente, mécaniquement. Sans compter que les incidents de la soirée ne sont vraiment pas une nouveauté, si l’on pense à ceux de 1998 ou de 2018.
Pour le gouvernement, tout cela est pour sûr un « game plan » bien rôdé dans le déroulement de sa politique raciste et anti-immigrée. Finie l’hypocrisie « black blanc beur » du siècle dernier qui ne supportait déjà pas « le bruit et l’odeur », place au racisme décomplexé, en 1998 contre les « sauvageons » de Chevènement, ministre de l’Intérieur de la gauche plurielle de Jospin, aujourd’hui contre les « barbares », comme le dit si finement Retailleau, contre qui sans sévérité point de salut, nous dit Darmanin.
Ces idées sont développées non seulement dans les discours de l’extrême droite et du gouvernement, mais aussi dans les politiques mises en place. Cela a pour conséquence, bien plus grave, de créer un climat propice aux passages à l’acte, comme les récents meurtres racistes, islamophobes d’Aboubakar et d’Hicham. Meurtres dont le caractère raciste a été reconnu du bout des lèvres par le gouvernement et balayé du champ politique bien rapidement. Comment ne pas y voir une nouvelle preuve du « deux poids deux mesures » lorsqu’il s’agit d’Arabes, de Noirs, de musulmans ou, finalement, simplement de pauvres ?
Après avoir envoyé ses flics nettoyer Paris la veille au soir, Macron était fin prêt pour la célébration avec ceux d’en haut dans les salons.
Mathilda Nallot