Depuis le 24 mai, le son des casseroles résonne devant l’hôtel Radisson Blu sur le Vieux-Port de Marseille. Un mois que les femmes de chambre, travaillant pour le sous-traitant Acqua, ont décidé de se mettre en grève.
Cela faisait longtemps qu’il leur semblait nécessaire de faire quelque chose pour leurs salaires et leurs conditions de travail. Mais c’est autour d’un gâteau « pour le dernier jour d’une collègue gouvernante » que s’est pris la décision, raconte une gréviste à une projection de soutien à la caisse de grève1. Toutes étaient prêtes à partir travailler : « on avait badgé, on avait préparé les chariots, les planches », mais c’est « la révolte » qui l’a emporté ce jour-là.
La liste de leurs revendications est simple : elles veulent un treizième mois, une prime annuelle pour la saison estivale, l’augmentation de la prime panier et des qualifications. Des demandes bien légitimes au vu du prix des chambres dans cet hôtel (jusqu’à 700 euros la nuit). La question des conditions de travail est aussi centrale. Les grévistes demandent la baisse des cadences et la fin des déplacements dans d’autres hôtels gérés par la société Acqua.
À Marseille, les grèves dans le nettoyage sont fréquentes et régulièrement elles sont soutenues par le syndicat CNT-Solidarité ouvrière qui organise les travailleuses et travailleurs de ce secteur depuis dix ans. Des luttes, pour certaines victorieuses et inspirantes, qui légitiment les revendications : chez Acqua, plusieurs sites ont déjà obtenu le treizième mois.
Tous les jours, le piquet vient rappeler aux directions d’Acqua et du Radisson Blu que les grévistes sont là et ne veulent pas lâcher. Comme souvent, la direction souffle le chaud et le froid en espérant voir le mouvement s’essouffler. Elle fait des concessions d’un côté, en proposant par exemple un treizième mois, mais sur quatre ans, 25 % chaque année, et de l’autre, elle envoie un huissier sur le piquet.
Alors les grévistes vont chercher de la force à l’extérieur en participant à des manifestations (en solidarité avec peuple palestinien, contre l’extrême droite à l’appel de l’intersyndicale…), mais aussi en organisant des goûters, des projections… qui permettent aussi de remplir la caisse de grève2. Pour reprendre la conclusion d’un tract de la CNT-SO : « En cette période où les fascistes comme les capitalistes radicalisés menacent de nous écraser, il est nécessaire d’appuyer les luttes sociales. C’est en reprenant le chemin des luttes victorieuses qu’on les fera reculer. »
Correspondant
1 Projection des Petites mains le 23 juin à l’initiative de la CNT-Solidarité ouvrière et du collectif d’habitant de quartier CHO 3.
2 https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/les-olympiades-de-la-lutte-commencent-soutenez-le-mouvement