Le RN surclasse tous ses concurrents dans les sondages. Mais l’abstention risque aussi d’augmenter sensiblement (seulement 45 % des inscrits s’apprêteraient à voter contre 51,5 % aux précédentes élections européennes de 2019).
Le parti mené par Bardella n’a pas grand-chose à faire pour mobiliser son électorat, qui paraît relativement fidèle et se voit renforcé par la haine suscitée par Macron-Attal. Sa position est confortée par son entrée massive à l’Assemblée nationale lors des dernières législatives. Ses 88 députés sont autant de permanents qui permettent au parti de rayonner comme il ne le pouvait pas jusqu’à présent. Cette position établie lui permet de progresser sans faire trop de politique : « Vivement le 9 juin », « Revitaliser l’Europe », peut-on lire sur ses affiches aussi vagues et insipides que celles des autres partis bourgeois.
Le Rassemblement national est réputé disposer d’un électorat populaire, plus populaire en tout cas que celui de Zemmour, davantage lié aux milieux qui ont formé la Manif pour tous et l’électorat de Fillon. De fait, le RN fait ses meilleurs scores dans d’anciens « bastions » du PS, voire du PC. Les anciens électeurs de ces partis, désabusés, choisiraient de voter pour le parti « qu’on n’a pas encore essayé ». Ce qui n’a rien d’innocent : xénophobe, le RN porte l’idée qu’il faudrait défendre les « Français », c’est-à-dire faire subir aux autres.
Mais il faut nuancer cette réputation populaire de l’électorat du RN. Plus précisément, le vote RN est à mettre en parallèle avec la montée régulière de l’abstention. Il est certes hasardeux de « colorer » les intentions des abstentionnistes, mais nous connaissons tous des collègues déçus de la gauche qui ne croient plus que leur sort s’améliorera à travers des élections. Et ce n’est évidemment pas nous qui les détromperons !
Nous non plus n’avons aucune illusion dans le fait que de simples élections pourraient transformer la société. Nous avons cependant choisi de présenter une liste à ces élections européennes pour permettre aux travailleurs d’exprimer clairement tout à la fois leur refus de la voie dans laquelle le capitalisme entraîne toute la société et leur rejet des partis institutionnels.
Cet article est paru dans un dossier du numéro 14 de Révolutionnaires.
Sommaire du dossier
Face à l’extrême-droite et aux politiques patronales qui lui pavent la voie
Reprendre le chemin des luttes pour une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions
- De la démagogie « antisystème » à la défense servile des riches une fois au pouvoir
- Le Pen prête à gouverner… au service des grands bourgeois !
- Rassemblement national et abstention : les travailleurs n’attendent pas grand-chose des élections !
- L’extrême droite et le grand patronat : une « love story » européenne
- États-Unis, Brésil : le rejet par les classes populaires des partis institutionnels, carburant de l’extrême droite
- Contre l’extrême droite, commencer par rassembler les travailleurs sur le terrain des luttes sociales