Dimanche 3 décembre, douze travailleurs, jeunes militants ou plus aguerris, se sont réunis à Lyon dans le cadre de « rencontres locales ouvrières » organisées par le NPA. Cheminots, conducteurs de bus, travailleurs de l’industrie pharmaceutique et électronique, de l’administration territoriale ou encore de la santé. Le thème du jour : le féminisme dans leur activité syndicale et politique sur leur lieu de travail.
Après un exposé des origines anciennes de l’oppression des femmes dans la société, et le constat que le capitalisme l’avait non seulement perpétuée, mais instrumentalisée, nous avons vu comment le mouvement ouvrier révolutionnaire s’était posé le problème de l’émancipation des femmes au cours de son histoire. Parfois niées, souvent renvoyées à un avenir lointain, les revendications féministes et les femmes elles-mêmes ont dû s’imposer au sein du mouvement ouvrier, soutenues par des militants comme August Bebel, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï. C’est d’ailleurs en Russie, grâce à la révolution de 1917, que les avancées ont été le plus loin, avant que le stalinisme ne fasse machine arrière. Le natalisme et le virilisme du PCF ont été rappelés, avant d’évoquer le mouvement féministe des années 1970 et le coup porté aux bourgeois et aux machos de droite comme de gauche par la candidature d’Arlette Laguiller en 1974, première ouvrière et première femme à se présenter à l’élection présidentielle.
C’est dans ce cadre que nous avons pu nous poser les problèmes concrets auxquels nous sommes confrontés au travail, et dans notre militantisme quotidien. Comment les militantes doivent-elles s’imposer dans des syndicats encore très masculins ? Comment se saisir des quelques lois « égalitaristes » tout en dénonçant leurs limites et leur hypocrisie ? Comment lutter contre les préjugés sexistes et homophobes qui gangrènent, sous prétexte d’humour, jusqu’à certains tracts syndicaux, sans verser dans le moralisme stérile ? Pourquoi cette sexualisation des rapports de domination dans le langage (« baisser son pantalon », « sucer le patron », etc.), loin de lutter contre la domination patronale, dégrade l’image de cette moitié féminine de l’humanité et de la classe ouvrière, par la confusion entre sexualité « passive », soumission, et sexualité subie ? Et bien sûr, nous avons échangé sur la manière dont les révolutionnaires devaient intervenir face aux cas de violences sexistes et sexuelles, qui pourrissent encore la vie de trop de travailleuses, mais aussi de militantes dans les organisations syndicales. Pour finir, nous avons abordé la manière dont cette question féministe était combattue par la vieille bureaucratie syndicale héritée du stalinisme pour mettre en scène sa fausse radicalité, et instrumentalisée par la nouvelle, qui sous prétexte de « modernisme », tente de reléguer la lutte de classe au second plan.
Correspondants
(Article paru dans le numéro 8 de Révolutionnaires)