Nos vies valent plus que leurs profits

Réponse au média web Bigorre.org

Le NPA-Révolutionnaires et ses candidats têtes de liste, Selma Labib et Gaël Quirante, aux élections européennes du 9 juin 2024

En réponse, globale, aux questions posées par Le média web Bigorre.org https://www.bigorre.org/politique_culturelle

 

 

Notre liste de candidates et candidats pour ces Européennes du 9 juin 2024 affirment que les millions de travailleurs et de jeunes de ce pays devraient avoir plus de temps et d’argent pour des activités et formations culturelles. Ces « activités » qui ne figurent qu’à titre de « loisirs » dans l’actuelle société d’exploitation devraient selon nous être partie intégrante de l’ensemble de l’activité productrice et créatrice sociale. L’art – dans l’architecture, dans l’urbanisme, dans l’environnement quotidien et y compris dans les conditions de production, dans tous les aspects d’une société humaine –, devrait échapper au capitalisme anachronique et barbare dans lequel nous vivons, où le budget de l’armée accapare tout, où les critères de profit ruinent tout, et où même toutes les formes d’art et de culture sont soumises à la loi du fric et du profit. Ce n’est pas nous qui avons inventé la triste expression et réalité du « marché de l’art ». Tout prend une valeur selon que ça se vend ou s’achète… ça se discute et surtout ça empoisonne !

En tant que communistes révolutionnaires, nous militons activement pour une autre société, qui ne serait pas guidée par la loi du profit mais par les besoins de toute la population. Besoins qui ne sont pas qu’un toit sur la tête et de la nourriture dans le frigo : « Du pain et des roses », a proclamé dès ses débuts le mouvement ouvrier révolutionnaire ! Donc, bien sûr, des activités artistiques et culturelles. Mais avec des salaires stagnants (pour ceux qui ne sont pas au chômage) qui interdisent aux familles de se payer concerts, théâtre voire cinéma ; des journées de travail longues et harassantes qui vous vident, il reste quoi pour la culture ? Selon nous, la « culture pour tous », c’est d’abord la lutte pour des augmentations de salaire, la réduction du temps de travail et le partage du travail entre toutes et tous. Si nous disons que nous voulons « vivre et pas survivre », c’est que bien des choses dépendent du temps libre, auquel s’oppose le métro-boulot-dodo que les patrons et leur système d’exploitation capitaliste nous imposent. La culture et toutes les formes d’art qui nous définissent comme êtres humains doivent prendre une place importante dans la société, mais il y a une condition sine qua non à cela : une vraie révolution dans les mœurs qui nous débarrasse de l’esclavage salarié. Urgence révolution, disons-nous. Urgence révolution pour que l’art échappe à l’accaparement par une élite de l’argent (qui peut se construire de belles « villas d’architectes » – on est capable de belles réalisations dans cette société –, mais parque les « bas salaires » dans des lotissements miteux, y compris dans des zones inondables).

Le gouvernement Macron-Rachida Dati prépare une nouvelle attaque contre la culture. Elle va avoir des conséquences terribles pour la création artistique à court et moyen terme. Le plan « mieux produire, mieux diffuser » mis en œuvre actuellement dans les arts vivants en est l’exemple récent, qui vise à « rationaliser » le nombre de créations par des baisses de subventions, et par conséquent à contraindre de nombreuses équipes artistiques à mettre la clé sous la porte. Ces équipes font pourtant actuellement la richesse du tissu culturel en France, même avec le peu de moyens dont elles disposent. Il s’agit d’un véritable plan social qui va briser la diversité dans la création, ce qui est inqualifiable. Cette année, en France, le budget de la culture se voit amputé de 204 millions d’euros ; pour le spectacle vivant français, cela signifie déjà une baisse de 56 % des dates programmées pour la saison prochaine. Un paradoxe, puisque depuis la réouverture des lieux culturels après le Covid, les salles de spectacle ne désemplissent pas. Il y a une vraie demande culturelle mais en face, un gouvernement qui économise sur tout ce qui est services publics et sociaux, dont la culture, tout ce qui n’est pas cadeaux au grand patronat et gonflement du budget des armées.

Même le régime d’allocations chômage particulier dont bénéficient les artistes, l’intermittence du spectacle qui permet à un grand nombre d’artistes et de techniciens de créer et qui est présenté comme une exception à l’échelle européenne et mondiale, est de fait miné par l’inflation, sans revalorisation. Le taux des allocations n’a pas bougé depuis des années et se trouve au-dessous du smic actuellement.

Oui, une révolution sociale et politique s’impose pour que l’art devienne partie intégrante de la vie des travailleurs et des peuples du monde. Ce qui, comme tout le reste, ne sera pas arraché autrement que par des luttes. Notre campagne des Européennes se dresse tout particulièrement contre les assauts de xénophobie voire de racisme auxquels se livrent les candidats macronistes (qui au pouvoir traquent les migrants) comme ceux de droite et d’extrême droite (qui trouvent qu’il n’en fait pas assez !). Cela concerne la culture aussi, car nous ne la concevons que mondiale, universelle et non limitée à on ne sait trop quelle « exception culturelle française » enfermée dans des frontières nationales. L’Europe dont les élections à venir vont assurer le renouvellement du Parlement, est le melting pot de générations dont beaucoup sont venues d’ailleurs, du monde entier, qui ont apporté au continent leur propre richesse. Nous sommes pour l’ouverture des frontières à tous ces apports et influences, à tous ces nouveaux arrivants qui les portent.

Selma Labib et Gaël Quirante