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Réponse à CCFD-Terre solidaire

Ci-dessous une réponse de Selma Labib à CCFD-Terre solidaire, après une demande formulée sur Twitter.

 

 

Paris, le 25 mai 2024

Aux bénévoles du CCFD-Terre solidaire,

Je tiens d’abord à vous remercier de votre interpellation. Notre liste de 81 travailleurs, travailleuses et jeunes est reléguée au statut de « petite » candidature, c’est-à-dire de celles qui n’ont presque aucun accès à l’expression médiatique. Cette omerta prend un sens social puisqu’aucune des listes invitées au « grand » débat du mardi 21 mai n’est menée par un candidat qui a exercé, ne serait-ce qu’une seule fois dans sa vie, une activité professionnelle salariée, certainement pas parmi les travailleurs des « premières lignes ».

Vous m’avez demandé de signer la pétition « Gaza : stop à l’accord d’association UE-Israël ». Après discussion avec mes camarades du NPA-Révolutionnaires, nous avons décidé de décliner. Le respect que nous inspirent vos combats actuels contre la colonisation et l’apartheid pratiqués par l’État d’Israël, mais aussi contre la loi Darmanin-Le Pen ou le prétendu « pacte migratoire » européen, combats que nous partageons, nous oblige, et je tiens à m’adresser à vous.

Vous avez mille fois raison de souligner l’urgence de stopper immédiatement le massacre en cours à Gaza, et mille fois raison d’en faire porter l’entière responsabilité au gouvernement d’extrême droite d’Israël, lui-même produit d’un État colonial et d’apartheid.

Votre pétition a le mérite de mettre en lumière les nombreux liens commerciaux qui existent entre l’État d’Israël et les États européens, liens qui ont été facilités et formalisés dans un accord d’association qui donne à Israël un accès privilégié à différents marchés de l’UE.

Le soutien militaire et financier des grandes puissances occidentales à l’État d’Israël n’est certainement pas une question de religion ou de « civilisation ». L’État d’Israël est un des bras armés de la politique des gouvernements occidentaux au service de leurs grands groupes capitalistes au Moyen-Orient, au même titre que la dictature égyptienne ou la monarchie saoudienne.

Ces liens militaires et politiques ont pour racine la concurrence capitaliste pour contrôler marchés et zones d’influences dans cette région stratégique. Ils se matérialisent par des liens économiques privilégiés : de grands groupes français comme Carrefour, Optic 2000, Thalès ou Safran profitent de l’exploitation des travailleurs des colonies ou sont intéressés aux profits générés par la guerre permanente que mène l’armée d’Israël au peuple palestinien.
Nous aussi, comme vous le dites dans la pétition, « nous refusons de participer à une économie de guerre ». Guerre contre les migrants, guerre contre les peuples (de Gaza à Nouméa), guerre contre les pauvres et guerre contre les travailleurs : oui, l’économie capitaliste est bien une économie de guerre !

Mais nous ne pouvons souscrire à la principale doléance que vous formulez : « Nous appelons la France à être moteur dans la recherche d’un consensus européen sur le sujet. » La France, elle-même puissance coloniale en Kanaky, à Mayotte ou dans les Antilles, sixième puissance mondiale, armée du feu nucléaire, tête de pont de l’Otan en Europe, est un État qui défend par tous les moyens les intérêts des grands groupes du CAC 40 qui opèrent à l’échelle mondiale. Elle fait partie, avec son grand frère américain, des principaux responsables de l’économie de guerre capitaliste qui menace de plonger tous les peuples dans la guerre tout court.

Vous qui êtes bénévoles au CCFD-Terre solidaire, vous êtes certainement dans votre grande majorité des travailleurs. C’est bien le monde du travail, qui inclut les retraités et ceux qui sont privés d’emploi, qui peut s’opposer aux guerres coloniales et à l’exploitation par le rapport de force créé par sa mobilisation collective. Oui, c’est nous qui travaillons, c’est nous qui produisons tout, donc c’est nous qui devons décider – et d’abord taper du poing sur la table pour arrêter les principaux responsables du massacre à Gaza : Netanyahou, Biden et Macron ainsi que les dirigeants et actionnaires des groupes capitalistes complices.

Vous nous trouverez toujours dans la rue et dans les grèves à vos côtés pour les droits des migrants, nos frères et sœurs de classe, et contre les massacres, la colonisation et l’apartheid de l’État d’Israël.

Salutations anticapitalistes, révolutionnaires et internationalistes

Selma Labib, conductrice de bus, 28 ans, pour la liste du NPA-Révolutionnaires aux élections européennes « Pour un monde sans frontières ni patrons, urgence révolution ! »