
Respect
Anouk Grinberg
Julliard, 2025, 144 p., 18,50 €
Un jour, un ami lui a dit « finalement on ne sait pas ce que ça fait d’être violée… ». Anouk Grinberg, actrice, a décidé de témoigner : de la sensation de mort, de la spirale de la honte, de l’anesthésie à mettre en place pour survivre. Dépassant le simple témoignage individuel, Respect décrit les rapports de domination dans leurs expressions les plus violentes parce que les plus niées : l’inceste et le viol. Elle nous rappelle que loin d’être des cas isolés ou, pire, « des pulsions », ce ne sont que les expressions du pouvoir des plus puissants sur les plus vulnérables, à toutes les étapes de leur vie. Des agressions dans l’enfance aux relations toxiques à l’âge adulte, l’histoire de Respect, c’est l’histoire d’une vie dans la violence, puis de la reconquête de soi par la résistance et par l’amour.
L’omerta empêche de se relever. Une « fabrique de mort » : comment se relever de ce qui est nié ? Pire, quand le curseur de la culpabilité est en permanence déplacé du coupable à la victime ? Anouk Grinberg s’inscrit dans la vague de libération de la parole et de dénonciation de l’impunité des puissants, notamment dans le monde du cinéma. C’est un appel à la résistance et à l’action collective. Pour que la honte change de camp, car celle qui gagne, comme le conclut son livre, est celle « qui marche sans honte ».
Alix Nilabli