Une bande de crétins a profané la tombe de l’ancien ministre de la Justice, Robert Badinter, au carré juif du cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine), au moment où son cercueil entrait au Panthéon. Que cette nouvelle « panthéonisation » puisse provoquer un sentiment de ras-le-bol est tout a fait légitime. Depuis des années Macron multiplie ce genre de cérémonies (Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker, les Manouchian et on nous annonce Marc Bloch pour l’an prochain) pour, à chaque fois, se mettre en avant et se faire de la pub avec décorum rétro, profusion de drapeaux tricolores et gueules de circonstance, ce qui devient insupportable. Il n’est pas question d’idéaliser Badinter. On oublie un peu vite aujourd’hui qu’avant d’être ministre de la Justice de Mitterrand puis sénateur, il fut un avocat « paillettes » spécialisé dans la défense des célébrités (Charlie Chaplin, Brigitte Bardot, Coco Channel, le baron Empain, Jimmy Connors, l’héritière d’Opel, etc.) et pas dans celle du chômeur, de la veuve et de l’orphelin. Mais ce qui va changer sa vie est son échec à sauver de l’échafaud Roger Bontemps, guillotiné à la prison de la Santé en novembre 1972. À partir de ce moment, il consacra sa vie à l’abolition de la peine de mort qu’il obtiendra finalement neuf ans plus tard, une fois devenu ministre de Mitterrand. On lui doit, également parmi d’autres combats, la dépénalisation de l’homosexualité. Et cela mérite, sinon une admiration béate pour ce serviteur toujours fidèle de la bourgeoisie, du moins un certain respect.