« Contre tous les racistes, on n’arrêtera pas de lutter… »
Cela fait dix jours que les étudiantes et étudiants rouennais du campus de droit-éco-gestion de Pasteur se mobilisent pour exiger l’arrêt définitif dans cette université de tous les enseignements de Pierre-Antoine Sprimont, dont les pratiques répétées de harcèlement à caractère raciste auraient poussé un étudiant à une tentative de suicide le 12 mars.
Le rythme effréné de la mobilisation (trois AG, un sit-in, deux manifestations) loin d’opérer une sélection dans le mouvement en n’entraînant que les plus déterminés, permet au contraire de mobiliser des pans toujours plus larges d’étudiants : jusqu’à 600 personnes à la manifestation de lundi 24 mars !
« Sprimont raciste, la fac complice »
Si le président de l’université rappelle que « le racisme n’a pas sa place au sein de notre établissement » les étudiants mobilisés ne sont pas dupes. Ils ont encore au travers de la gorge les propos qu’il avait tenus à ceux venus l’interpeller le lendemain de la tentative de suicide : « Je déplore l’article de la presse la semaine dernière [celui relatant la sanction prise contre le professeur], qui n’avait pas lieu d’être, et qui a engendré une réponse à juste titre de l’enseignant [dans laquelle le professeur charge l’étudiant se plaignant de racisme], et ce qui s’est passé hier. » C’était d’ailleurs toujours la même ligne défendue par la présidence mardi lors de la conférence de presse, tenue en catimini : la fac a fait tout ce qui était en son pouvoir, le président est désormais impuissant, et tout se trouve maintenant dans les mains de la justice… tout en qualifiant les étudiants mobilisés de moyenâgeux voulant organiser des tribunaux populaires !
Face à ces explications douteuses et à ce mépris, les étudiants mobilisés répondaient par une déclaration de l’assemblée générale demandant non seulement la fin des enseignements de Sprimont mais exigeant aussi la transparence au sein de l’université, et dénonçant la complicité de la présidence qui envoie ses vigiles fouiller les sacs pour confisquer les pancartes et même les tracts !
« C’est pas les immigrés qu’il faut virer mais c’est Macron et le professeur Sprimont »
« Le racisme est systémique » entend-t-on dans les assemblées générales. Et cette volonté de s’attaquer au racisme en général ne se limite pas aux formules. Si l’objectif du mouvement est avant tout de dégager Sprimont, les étudiants de Pasteur n’hésitent pas à se lier à d’autres mouvements anti-racistes, en témoigne le cortège de plus de 200 personnes qui s’est joint à la manifestation rouennaise du 22 mars. Et il faut croire que cette convergence a convaincu puisque l’assemblée générale du mardi 25 a envoyé une délégation à une « AG des luttes » qui se tenait le soir-même à Rouen, dans laquelle était présentes de nombreuses organisations ayant appelé à la manif du 22 et surtout le collectif des mineurs non accompagnés avec qui le contact a été établi en vue d’organiser des initiatives communes !
Correspondant