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Brèves

L’actualité en bref

Primark est un magasin de vêtements hard-discount installé à Mulhouse depuis deux ans.
Samedi 22 mars, sous la bannière de la CGT, une vingtaine de salariés sur 70 embauchés, principalement des jeunes femmes, ont cessé le travail durant trois heures. Elles se tenaient à l’entrée du magasin, avec tracts, banderole, (« non à l’esclavagisme ! »), sono et drapeaux, dans une chaude ambiance, pour dénoncer le management toxique qui y règne : « Pressions constantes, harcèlement moral, climat de peur et d’intimidation permanent. » « Retenues de paie illégales, heures supplémentaires non ou mal payées. » décrivent leur tract.

Elles ont pu interpeler directement le directeur, qui se tenait à quelques mètres pendant le débrayage, accompagné d’un huissier : « Peut-être trouvez-vous qu’on n’est pas nombreux, mais ce n’est qu’un début ! Nous ne nous laisserons pas faire, nous reviendrons, et nous gagnerons ! »

Depuis plusieurs jours des manifestations de grande ampleur se déroulent dans le pays pour réclamer la libération d’Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul et principal opposant au président Recep Tayyip Erdoğan. Elles ont gagné les deux tiers des provinces et provoqué des centaines d’arrestations. La plus importante a eu lieu à Istanbul où, malgré le blocage des ponts et de certaines avenues pour empêcher les gens de manifester, le rassemblement a regroupé 300 000 personnes. « Ne te tais pas sinon ce sera bientôt ton tour ! », ont scandé les manifestants, brandissant des pancartes « N’ayez pas peur, le peuple est là » et « Droit, loi, justice ». Plusieurs incidents ont éclaté entre manifestants et policiers, durant lesquels ces derniers ont fait usage d’importantes quantités de gaz lacrymogène et de canons à eau, notamment à Izmir et à Ankara. Ce sont les plus importantes manifestations en Turquie depuis 2013.

Après avoir fait voler en éclats la trêve conclue avec le Hamas à Gaza, Israël menace de faire de même avec celle signée le 27 novembre dernier pour mettre fin à deux mois de guerre ouverte entre l’État sioniste et le Hezbollah, retranché au Liban. L’armée israélienne a lancé plusieurs dizaines de frappes en territoire libanais tout en continuant d’occuper cinq positions dans le sud du pays qu’elle aurait dû évacuer depuis longtemps. Dans le même temps elle poursuit l’annexion complète du plateau syrien du Golan, et continue d’évacuer de forces des camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie en laissant ses colons commettre des exactions quotidiennes. Quant aux Gazouis, ils continuent à mourir sous les bombes et le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, n’a pas caché la volonté d’Israël d’annexer purement et simplement une partie de ce territoire palestinien en en chassant les habitants. Une politique guerrière, colonialiste, xénophobe et annexionniste mise en œuvre avec le plein soutien de l’impérialisme américain et qui ne peut conduire qu’à de nouvelles guerres et de nouveaux massacres.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, juge que désormais l’antisémitisme est « résiduel » à l’extrême droite et qu’il a désormais muté vers l’extrême gauche. Il profite de l’occasion pour clouer au pilori les anti-sionistes et ceux qui soutiennent la cause palestinienne, qui seraient tous et toutes peu ou prou antisémites. Malheureusement pour lui, une étude publiée en juin dernier par la Commission consultative des droits de l’homme donne une image un peu différente de la réalité. Si elle confirme bien l’existence de « l’antisémitisme à la gauche de la gauche et notamment chez les proches des Insoumis, et des écologistes », elle précise cependant que cet antisémitisme est « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ». Le positionnement politique « des antisémites ainsi définis continue à battre des records à droite et plus particulièrement à l’extrême droite ». Donc c’est tout sauf « résiduel ». Ce qui n’empêche évidemment pas de combattre aussi avec véhémence l’antisémitisme lorsqu’il se manifeste, malheureusement, chez des gens qui se disent de gauche.

Le champion de judo Teddy Riner, d’origine guadeloupéenne, s’est emporté dans l’émission Clique de Canal Plus, contre les conditions dans lesquelles vivent les populations de la Guadeloupe et de la Martinique, et plus globalement dans les départements et territoires d’outre-mer : « Ça suffit de laisser de côté les îles antillaises et les DOM-TOM, POM (pays d’outre-mer) de côté, et de juste les utiliser quand on veut être la seconde puissance navale. Non, il faut s’occuper des gens comme il se doit, et arrêter de se foutre d’eux. La vie chère, non. Il faut mettre un grand coup dans cette fourmilière pour que les choses redeviennent normales, que les citoyens puissent vivre naturellement et qu’ils payent des prix corrects. » Et après s’en être pris au passage à Manuel Valls, le ministre en charge du dossier, en l’accusant de ne rien faire, il a conclu en créole guadeloupéen : « On est ensemble, on ne lâche pas… » Bien dit !

Pour tenter de faite taire ses concurrents de droite qui critiquent son « immobilisme » et son « inaction » le Premier ministre a envoyé aux présidents des groupes parlementaires, ainsi qu’aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, une lettre qui précise le programme de travail du gouvernement pour les semaines à venir. Au menu : l’éducation, l’accès aux soins, la lutte contre la bureaucratie et les finances publiques. Mais pas une seule mesure concrète annoncée, voire ébauchée, encore moins un calendrier précis. Avec, de plus, la promesse on ne peut plus vague « d’associer les citoyens ». Et, démagogie xénophobe oblige, il entend aussi lancer « un débat large et ouvert » sur « qu’est-ce qu’être français ? ». Il n’est que temps que les travailleurs renvoient Bayrou dans son fief béarnais.

À l’occasion de la première « Journée mondiale des glaciers », l’ONU a dressé un bilan alarmant de la fonte des glaces. Toutes les régions glaciaires ont enregistré une perte de masse nette en 2024, marquant ainsi une troisième année consécutive de recul. Plus de 275 000 glaciers dans le monde couvrent environ 700 000 km2, sans prendre en compte les calottes glaciaires continentales du Groenland et de l’Antarctique, rappelle l’Organisation météorologique mondiale, mais ces formations de glace reculent rapidement en raison du réchauffement climatique. Celeste Saulo, la secrétaire générale de cette organisation, rappelle que « la préservation des glaciers n’est pas seulement une nécessité environnementale, économique et sociétale. C’est une question de survie ». Car l’assèchement de ces « châteaux d’eau naturels » menace l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes. Mais de cela le capitalisme s’en fout…

L’usine géante de 11 000 salariés du groupe de voitures électriques Tesla, qui appartient à Elon Musk et qui se trouve à Grünheide, près de Berlin, vient de s’affranchir de nouveau du droit de travail en coupant arbitrairement dans les salaires de ses employés malades et en poussant certains à démissionner sans indemnités. Musk aurait tort de se gêner. Avant de construire son usine, inaugurée il y a trois ans, le milliardaire américain avait obtenu, tant des autorités fédérales que des autorités locales du Land de Brandebourg (dirigé par une coalition rassemblant conservateurs, libéraux, sociaux-démocrates et Verts), le droit d’ignorer le Code du travail. C’est pourquoi à Grünheide il n’y a pas de convention collective, pas de syndicat, et pas de semaine de 35 heures comme ailleurs dans la métallurgie. En outre, les salariés embauchés en CDI doivent signer un contrat de travail dérogatoire du droit social. Le capitalisme débridé dans tous ses méfaits. Et tout ça pour encourager les investisseurs étrangers à venir en Allemagne. Sur le dos des travailleurs, comme toujours !

Mieux vaut tard que jamais. Le Sénat vient d’adopter un texte pour reconnaître la « souffrance » des femmes ayant pratiqué illégalement une interruption volontaire de grossesse (IVG) avant la loi Veil de 1975. Ce texte entend faire reconnaître à l’État que les lois en vigueur avant cette date ont constitué « une atteinte à la protection de la santé des femmes, à l’autonomie sexuelle et reproductive » ou encore « aux droits des femmes », et qu’elles ont conduit à « de nombreux décès ». La proposition de loi propose par ailleurs la création d’une « commission nationale indépendante de reconnaissance du préjudice subi par les femmes ayant avorté », chargée de contribuer également à la « transmission de la mémoire ». La présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert, a rappelé à cette occasion que plus de 11 000 personnes avaient été condamnées pour avoir avorté ou aidé à pratiquer des avortements. Avec un demi-siècle de retard, il est plus que temps de leur rendre justice.