Malgré le quasi-lockout de leurs bureaux par une direction que le mot d’ordre « Bloquons tout » a conduit à décréter préventivement le télétravail pour la journée, la grève était bien visible, mercredi 10 septembre, au siège de l’agence française de coopération internationale (Expertise France). Un piquet de grève et une assemblée générale ont rassemblé une centaine de salariés de différentes organisations de ce secteur – devenu un terrain de chasse pour la droite et l’extrême droite racistes qui dénoncent une aide à des pays pauvres, pourtant bien maigre et non dénuée d’arrière-pensées politiciennes.
Bayrou avait décidé à bas bruit un coup de rabot de deux milliards d’euros dans cette aide française au développement. Si elle ne représente dans les faits que 1 % du budget de l’État, la coupe budgétaire annoncée a des effets dévastateurs : gel des recrutements, non-renouvellement des contrats courts, plans dits de « sauvegarde de l’emploi », toutes les modalités sont déployées pour réduire les effectifs, dans les établissements publics et plus encore dans le secteur associatif de la solidarité internationale… et ses bénéficiaires.
Le mouvement « Bloquons tout » a réveillé un secteur traditionnellement endormi. Le 10 septembre a fourni la première date de convergence de salariés en colère. Pari réussi : le site déserté a été investi par les grévistes, salariés du site et leurs invités des organisations sœurs du secteur, réunis à plus d’une centaine en assemblée générale, qui a décidé d’inscrire la mobilisation dans la durée et dans le mouvement d’ensemble. Le 18, nous serons à nouveau en grève… et après on continue !
Certes, l’aide publique au développement est un outil d’influence pour les pays riches donateurs, qui retirent de l’assistance bien maigre qu’ils portent aux pays les plus pauvres un avantage politique et économique non négligeable. Mais pas de raison que celles et ceux qui y travaillent et ne sont pas dupes des fondements de cette prétendue aide paient les pots cassés. En tout cas la crainte d’un démantèlement brutal du secteur a fait converger les salariés dans une saine mobilisation commune !
16 septembre 2025. Correspondante